vendredi 13 août 2010

Holy Crap ! I'm in Texas !


Dramatis personae :

Vincent Desgrippes : Français. Héros, étudiant en cinéma partant étudier aux Etats-Unis. Aussi connu sous le pseudonyme « je ».

Hannah Bisewski : Américaine. Amie de Vincent Desgrippes, rencontré à Paris début 2010.

Renée Stairs : Américaine. Amie de Vincent Desgrippes, rencontré à Paris début 2009, et rentrée aux Etats-Unis depuis juin 2009.

Katie (nom de famille non communiqué) : Américaine. Meilleure amie d’Hannah Bisewski. Taxi.

John : Indien. Passager du vol Paris – Atlanta.

Chaptire 1 : Holy Crap ! I’m in Texas !

Et c’est alors que le cochon dinde me dit « L’équipe de France va effectuer demain son premier match depuis le fiasco de la coupe du monde, est-ce que le chevalier Blanc fera la différence ? »

Après un instant de réflexion, je me dis que quelque chose cloche. Non pas que le cochon d’inde porte un bermuda à fleur et danse sur un parapluie, ça je n’y voyais rien à redire, mais pourquoi me faisait-il la liste des joueurs participant au match et enchainait avec la météo ?

Je me décide finalement à ouvrir les yeux et à écraser d’une main maladroite le réveil qui continuait à débiter des informations sur la journée à venir, laissant mon rêve animalier s’évaporer doucement.

Il est 6 heures du matin en cette journée tant attendu du 10 août. Nous avons dormis 4 heures après avoir été bloqué dans des bouchons sur les coups de 23h/minuit pour cause de travaux sur l’autoroute, ainsi que sur le pont menant à Saint-Denis. Parce qu’à Saint-Denis, quand ils font des travaux, ils s’appliquent à respecter à la lettre la politique d’emmerdement du département, à savoir qu’ils les font tous en même temps : Métro, tram et route. Si bien que si un citoyen lambda (du genre moi) veut se rendre dans cette ville si particulière (après tout, j’y habite) eh ben il peut pas. Ou très difficilement. Je devine que la prochaine étape sera de construire de grands murs tout autour et de balancer un virus extrêmement contagieux dedans, pour voir.

Une fois à l’aéroport, en compagnie de mes parents et d’Andréa, je retente le coup du surclassage (ou surclassement, je sais pas). (Pour ceux n’ayant pas suivis le blog de Thaïlande / Malaisie, au retour de notre voyage nous avons endossé des costumes méga classes acheté sur place, et joué de notre humour pour se faire surclasser, ce qui a marché.)

Le bon plan étant de faire le check in des billets avec une hôtesse à l’air sympathique. Je me dirige donc l’air confiant vers le comptoir, habillé de ma plus belle veste. Le mec à l’air fatigué et à la mine patibulaire me refroidi rapidement. Pas le temps de commencer mon petit numéro qu’il me facture 100 euros de surpoids de bagages. Comme ça : PAF ! (en même temps je vous y verrais bien de faire un sac de moins de 23kg pour un an ! Et puis bon, quand on est un peu flexible, 30kg c’est pas bien loin de 23…). L’ennui, c’est que le mec lui, il a la flexibilité d’une poutre en chêne. J’essaye quand même d’instiller en lui une vague idée de surclassement, ce qui échoue lamentablement, n’étant pas un vieux possesseur d’une carte Air France bourrée de points. Mon argument d’étudiant qui paye généreusement 100 euros d’imprévu ne semble pas l’émouvoir plus que ça.

Bon, eh ben je serais bien sapé en classe éco. Si j’avais pas pété un bouton de mon épaulette en posant mon sac une heure plus tard, ça ne m’aurait pas gêné plus que ça.

Après des adieux forcément émouvants, je passe la douane et la vérification de bagages. J’ai la chance de biper au portique, ce qui me vaut l’apparition d’un grand black méga baraqué en costard, qui me regarde d’un œil amusé, le sourire aux lèvres, et me montre la paume de ses mains en me demandant innocemment « Je peux ? ». Imaginez John Caffé de La Ligne Verte qui vous propose de sa voix de baryton une fouille en règle. « Mais avec plaisir ! » répondis-je d’un ton ironique. S’en suit une fouille de chaque recoin de mes vêtements, un palpage minutieux de mon corps de rêve, et un touché rectal. Bon, peut-être pas ce dernier point, mais c’était pas loin.

Une fois dans l’avion, parti pour un vol de 10h jusqu’à Atlanta, je fais la rencontre de John et Sandra (ça doit être l’idée que je pars aux Etats-Unis, mais je me sens beaucoup plus social que d’ordinaire, et la conversation démarre très rapidement et se poursuivra sur au moins 6 des 10 heures). Sandra est une grand-mère américaine sympa qui se propose pour me pistonner dans une grande marque de magasin à Austin dont elle a été gérante, et John… Comment dire… John est vraiment cool. John est indien (d’Inde…), et ça s’entend très très fort de par son accent lorsqu’il parle anglais, si bien qu’il a du répéter environ un tiers de tout ce qu’il m’a dit durant le voyage. La première chose qui m’a plu chez John, ça a été son prénom. Lorsque je m’attendais à un nom impossible à retenir du genre Shratapipalatik, j’ai eu droit à « John », et j’étais content. John est un étudiant ingénieur qui vient de finir son cursus en Inde, et va le poursuivre aux States. Et là je m’adresse principalement aux messieurs : vous allez aimer ce que fait John.

Pour faire bref, rappelez-vous des films comme Minority Report ou Iron Man, lorsque les personnages manipulent des éléments holographique 3D. John fait ça. Il ne conçoit pas des effets spéciaux pour des films, mais il fabrique des logiciels et machines permettant de manipuler des éléments holographique 3D. Un exemple parlant : il met un gant spécial, sa paire de lunette lui permettant de voir un monde holographique, et grâce à cette dernière il voit un verre qui n’existe pas dans la réalité. Il tend la main, et le saisi grâce à son gant, qui a l’information de ses contours, et du coup se durci autour, donnant l’impression aux doigts de réellement tenir un verre. Encore une fois je m’adresse aux messieurs : ces technologies sont entrain d’être appliqués aux jeux vidéos, que John a pu tester (il a notamment évoqué Call of Duty), sachant que la Play Station 3 supporte cette technologie.

Nous allons maintenant laisser ces messieurs à leur érection passagère et continuer ce récit. Le vol allait bon train (plutôt paradoxale pour un avion…) lorsque deux éléments sont venu perturber mon calme olympien : apparemment lors de l’escale à Atlanta, je suis supposé récupérer mon sac de 30 kilos et le transférer moi-même en étant soumis à la fouille (comme toute personne reprenant un avion pour les Etats-Unis). D’un coup, les deux heures que j’avais pour changer d’avion me paraissent bien courtes. Le deuxième point qui m’inquiète est que mes compagnons ont eu à remplir deux documents, dont un très gros très long en carton, qu’on ne m’a pas donné. Je me renseigne auprès du Stewart, qui m’assure que parce que je suis français j’ai rempli le formulaire Blabla sur internet, et que du coup ce n’est pas nécessaire. Cool, au moins un petit privilège d’être français !

Notre avion arrive avec 20 minutes de retard, ce qui a le don de nous donner – à John et moi – l’envie de faire un tour dans la cabine et de taper la tête du pilote sur son tableau de bord en lui hurlant que s’il ne se grouille pas les miches, elles risquent fort d’atterrir avant lui (John a son vol une minute après le mien).

Atterrissage, et passage à la douane. Près de 40 minutes de queue, ce qui me laissera une heure pour faire le transit de bagage. Tranquille. Je panique pas. Pas du tout. Surtout quand une hôtesse me dit d’un air inquiet « oh, ça devrait le faire… ». Aha.

Passage à la douane avec derrière la vitre un gars qui aurait pu jouer dans Full Metal Jacket. Première remarque : « Ooooh hoho ! Mais il manque le deuxième document en carton ! » (d’un air « je suis désolé mais t’es dans la merde mon gars »), je lui explique alors que le Stewart m’a dit qu’étant français j’avais rempli le formulaire Blabla sur internet, et que j’avais pas besoin de remplir le carton. Il réplique que le Stewart est un abruti car si il savait que je reprenais un vol à l’intérieur des Etats-Unis (et il le savait) ça ne s’appliquait pas ici, seulement si Atlanta ou un autre pays du monde était ma destination finale. Un bref coup d’œil derrière moi me permet de voir qu’il reste près de 100 personnes, c’est à dire autant qu’il n’y en avait devant moi. Voyant mon air dépité, mon Sergent Instructeur me dit « ok, on peut pas le remplir là parce que trop de monde attend, mais tu vois les tables au fond là-bas ? Tu prends le document en carton, tu rempli tout ce que tu peux, puis tu grilles toute la ligne par là et tu sautes en gesticulant pour que je te voix. Vu ? »

Ni une ni deux je fonce remplir mon formulaire méga long la mort dans l’âme, puis grille la file en me faisant engueuler par un agent chargé de la surveiller. Je me préoccupe à peine de lui dire que j’ai un deal avec Mel Gibson et me met à porté de vue de ce dernier. Cette fois-ci ça passe. Il reste 50 minutes.

Je cours récupérer mon sac qui a largement eu le temps d’être déchargé, puis cours (enfin, autant que possible avec un sac de 30 kg et un bagage à main de 13) le reposer où un mec ressemblant fort à Bob Marley (mais avec 100 kilos de plus et une musculature de folie) m’assure qu’il est bien sur le bon tapis roulant.

Je pose alors mon regard sur la file d’attente pour passer aux fouilles. Le cœur au bord des lèvres je réalise qu’il y a là près de 500 personnes. Un labyrinthe énorme ponctué d’agents criant pour déplacer le troupeau de voyageurs. Le début de la file étant à l’autre bout de la pièce, je m’y dirige à pas très vif, en essayant de me calmer. Mais je suis arrêté au milieu par une femme m’interpelant tandis que nous marchions dans la même direction « je rêve où vous venez de me doubler ? ». Nous n’étions pas dans la file d’attente, du coup je lui offre un regard surpris et répond « j’ai fais ça ? », « mais oui, vous m’avez doublé ! » (outrée). Bon, je marche à son rythme derrière elle pour pas qu’elle pique une crise. Plus tard je réaliserais qu’elle est Française.

La queue avance vite, on s’arrête rarement de marcher, mais 500 personnes ça reste très long et l’heure tourne. Un américain derrière moi engage la conversation, et nous plaisantons sur le fait que la douane nous dirige comme du bétail. Il revient de France avec ses enfants et se dirige vers Washington DC. Lorsqu’un de ses gosses lui demande s’ils vont avoir leur avion, il lui répond « Mais oui, t’inquiète, il est à 17h30. Le monsieur là par contre… il va avoir plus de mal. » Merci pour le moral.

Au final la queue se termine, et c’est en plaisantant avec les agents de douane que je passe, sans biper cette fois. A mes côtés, John Caffé version 2.0 semblait déçu.

Je fonce ensuite prendre un métro intra-aéroport (pour changer de terminal) et arrive devant ma porte à 10 minutes du départ. L’embarquement semble être sur le point de commencer (petit avion) alors je demande à l’hôtesse si le billet que j’ai me sert bien à embarquer (il y a eu tellement d’opérations différentes que je n’en étais même plus sûr,) C’est le cas, je prend alors le temps de me calmer, et laisse passer tout le monde devant moi. J’m’en fout, je vais avoir mon avion de toute façon. Je suis heureux.

Le second vol dure deux heures, et quand la gamine assise à côté de moi ignore mon bonjour (je comprend pas pourquoi d’ailleurs, je suis sûr d’avoir adopté un regard normal, sans baver… enfin je crois) j’en profite pour me plonger dans ma bulle musicale pour la première fois de la journée, et somnole en voyant défiler le sol américain. Par moments, d’immenses lignes d’arbres coupés très net, assez larges pour se voir depuis un avion, et de loin plus larges qu’une autoroute, s’étendent jusqu’à l’horizon. Je me demande s’il ne s’agit pas là de frontière pour séparer les Etats.

Nous nous posons finalement sur le sol texan, et un grand monsieur bedonnant à l’air sympathique, arborant de grosses rouflaquettes finissant en moustache sous un nez légèrement rougi lance joyeusement derrière moi « Welcome to Texas folks ! ».

Alors je réalise, un peu, que ça y est. J’y suis.

Un grand sourire m’étire encore les lèvres quand je me lève pour prendre mon sac. Le moustachu, qui aurait déjà pu partir, choisi de me laisser passer avec un gentil « go ahead buddy » vrombissant d’accent texan. Le sourire s’accroche.

Je sors de l’avion avec un petit salut au commandant de bord accompagné d’un « bye Cap’tain ». Il faut savoir que ce dernier, au moment d’embarquer, est sorti de l’avion d’un air furieux en poussant une grosse valise devant lui : « c’est décidé, plus un seul bagage de plus de 5 kilos ne rentre ! », et, devant l’air dépité de tous les passage, a juste rajouté, d’un air beaucoup plus clame, un « Non j’déconne. » Alors, forcément, je l’aime bien.

La vague de chaleur qui m’accueille en sortant de l’avion est semblable à une équipe de football américain percutant un spectateur rentrant dans un stade.

Pas de passage en douane cette fois-ci (ce qui m’étonne, vu la rigueur éprouvée à Atlanta), mais loin de m’en plaindre, je m’en réjouis en chantonnant et effectuant une danse de la victoire (autant que faire se peut avec un sac de 30 kilos).

J’attend Hannah et son amie Katie pendant une bonne heure (le problème de ne pas pouvoir se contacter par téléphone…) et après des retrouvailles plus que bienvenue après cette longue journée rempli d’émotions, j’embarque dans leur four – enfin, leur voiture - direction Austin !

Mes deux compagnes de bord s’improvisent guide touristique, et le rire est constamment au rendez-vous. Cependant, je commence à me sentir stressé : je découvre une ville que je ne connais absolument pas, qui ne ressemble à rien de ce que j’ai déjà visité, et le fait de me sentir complètement perdu au milieu de cette cité américaine m’effraye.

Direction l’agence immobilière pour récupérer les clefs de mon appartement, puis l’appartement en question. J’habite dans un complex d’appartements, tous entourant une petite cour. Le mien est au premier étage (sur un total de 1 étage). Surprise est de constater que l’appartement est déjà ouvert, et que Renée, passée plus tôt, est venu me déposer un matelas gonflable pour la nuit.

Surprise est également de constater que la clef ne ferme pas la porte, image assez étonnante, comparable à la vision un français en grève pour un américain. Nous restons donc une petite heure à discuter, jusqu’à l’arrivée de Renée. Là, les retrouvailles sont plus intenses. Cela fait plus d’un an que nous ne nous sommes pas vu.

Hannah et Katie nous laissent, et nous partons manger un repas mexicain. Des fajitas d’un goût nouveau, excellent. Le plat fait la taille de mon salon. J’en mange un tiers, à cause du stress et de la fatigue qui à eux deux font barrage à l’entrée de mon estomac.

Renée me redépose à l’appart à 21 heures, heure locale, 4 heures du matin heure française. La fatigue n’est plus qu’un mot lointain ayant une vague ressemblance avec l’état dans lequel je suis alors. Juste le temps de régler mon réveil sur 10h du matin et je m’effondre sur mon matelas. Je me relève alors du sol avec un grognement, me rappelant que ce trampoline est un matelas gonflable, et m’y effondre une deuxième fois, plus doucement et en évitant les côtés.

10 minutes plus tard, je dors (ceux qui connaissent mes rapports houleux au sommeil reconnaitront l’exploit), fin prêt à affronter ma première journée à Austin.

Du moins, c’est ce que je croyais.


1 commentaire:

  1. Et bien, quelle journée !
    Profite bien du texas, cow-boy, j'ai hâte de lire la suite de tes aventures^^

    Quentin

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