lundi 11 octobre 2010

Volleyball, l'intime relation

L’Edito du rédacteur en chef :

Chers lecteurs,

Suite à de nombreuses plaintes, l’attention du Blog Once Upon a Time in the Southwest a récemment été attiré sur la taille de ses articles, que de nombreux lecteurs considèrent comme trop imposants. Notre Blog, tenant à garder la fidélité des quelques attardés mentaux ayant des difficultés à lire l’hebdomadaire demi douzaine de pages, prendra donc compte de ces réclamations, et changera le mode d’écriture pour adopter un style plus anecdotique. Nous espérons que cela satisfasse nos bien-aimés lecteurs.

De la même manière, nous avons reçu un nombre incroyable de requêtes demandant à ce que l’auteur souligne de manière plus précise ses formidables qualités physiques. De ce fait, dans le but de satisfaire l’admiration de nos abonnés, nous consacrerons cet article au volley-ball. En revanche, au risque de perdre quelques lecteurs, j’insiste sur le fait qu’il n’y aura pas de photo de nu postées sur la galerie photo.

En espérant que ces modifications apportées à notre Blog vous apportent joie, bonheur et amour, la rédaction vous souhaite une excellente journée.

Vincent Desgrippes,

Rédacteur en Chef,

« Notre préoccupation, c’est votre satisfaction. Et la météo aussi, parce que la pluie, c’est chiant. »

Chapitre VIII – Volley-ball

Avez-vous déjà frappé une balle le temps d’un saut ? Senti cette exultation au moment du contact avec la main, et la jubilation intense de voir la balle filer et rebondir d’un claquement sec sur le terrain adverse, accompagné des cris de joie de vos coéquipiers ? Je l’ai connu en France, et ce fut immédiatement le coup de foudre, un amour inconditionnel pour ce sport qui me permettait de m’échapper de ma bulle et de me perdre dans une plénitude physique et morale que seuls les bras d’une fille pourraient surpasser.

Oh, oui, le volley-ball a tout d’une relation.

Au début on est un peu timide, on se cherche, n’osant pas trop la toucher. On est maladroit, on essaye ce que les copains plus expérimentés nous conseillent, sans forcément réussir, mais c’est normal, on débute. Et elle reste toujours compréhensive, l’air de dire « t’inquiète pas, la prochaine fois ça sera mieux », même quand on vise mal.

Puis on prend finalement confiance, on sent le début d’une connexion, et les gestes deviennent plus naturels, plus réguliers. C’est la phase de la relation que connaît la majeure partie des joueurs ; où l’on découvre le plaisir, mais sans trop penser à l’avenir ; où l’on se concentre sur l’instant présent en donnant le meilleur de soi-même. Cette phase est généralement très gratifiante.

Et puis le manque s’installe entre chaque rendez-vous. On aimerait ne jamais s’arrêter, passer tout notre temps libre ensemble. Alors on se retrouve de plus en plus souvent, de jour comme de nuit. Cela devient une obsession, un but : la retrouver, la toucher, jouer un peu avec elle, et passer aux choses sérieuses… Avec le temps vient l’expérience et l’assurance, et de là la confiance dans les différents partenaires qui nous permettent de découvrir des sensations encore inconnues, des positions plus complexes, plus efficaces…

Arrive alors la phase de l’exaltation, l’amour fou, inconditionnel. Chaque rendez-vous est un mélange de douceur et de violence, les gestes sont à présent d’une efficacité maximum, précis et puissants, procurant un plaisir extrême.

Et vient la trahison. En général lorsque l’on ne s’y attend pas, lorsque nous ne sommes pas prêt. Et la blessure, intense, violente, nous rend plus misérable que jamais. Au début on n’y croit pas, on continue tête baissée, essayant de se convaincre que ce n’est qu’un rêve. Puis la réalité reprend le dessus, et l’on fini par accepter que c’est peut-être fini. Alors on négocie, on appelle ça « une pause », mais au fond nous savons qu’il y a peu d’espoir. On refuse d’écouter nos amis qui nous disent que dans quelques mois on retrouvera d’autres partenaires, que ça sera aussi bien. On s’en fout, quelques mois c’est trop long ! Nous en avons besoin maintenant, tout de suite.

Et puis le temps passe, et à cause de l’inactivité la passion s’estompe. Jusqu’à se retrouver à nouveau devant elle… la tenir dans ses bras, la caresser doucement… et se mettre à rêver. Enfin, le processus peut recommencer.

Et pour moi, il a recommencé aux Etats-Unis, après une blessure aux doigts qui m’aura empêché de jouer pendant trois mois. Et lorsqu’on ne joue pas pendant trois mois lorsque la totalité de notre temps de jeu n’a pas dépassé les sept mois, le niveau en prend un coup. En général dans les parties. L’extase décrite en premier paragraphe lors de l’attaque d’une balle est bien loin. A la fin de l’année dernière, je pouvais globalement choisir où je voulais que ma balle finisse sa course. Ici, j’exécute la danse de la victoire lorsque ma faible frappe atterrie plus ou moins entre les lignes adverses. Bref, j’ai du boulot avant de redevenir le demi-dieu que j’étais.

Sauf que dans ma classe de volley avancé, je n’aurais pas le temps de rattraper mon niveau avant la fin des évaluations, et si je ne suis pas assez bon, je vais rapidement entendre quelque chose comme « Je suis vraiment désolé, mais tu sais qu’ils m’ont coupé le budget… j’ai pas le choix… ».

Alors je me donne à fond sur les quelques séances disponibles. Le désavantage est qu’à côté de ces excellents joueurs, j’ai l’air d’un clown. Super sexy, soit, mais un clown tout de même. L’avantage est que j‘ai le même prof lors de mon cours de volley intermédiaire, et qu’il est plus simple de se distinguer dans cette classe. D’une manière générale, je ne fais pas trop d’erreur, mais je ne fais rien d’exceptionnel non plus, si ce n’est ma spécialité : me jeter par terre pour sauver des balles. Je n’ai pas peur de me faire mal, du coup quand 5 joueurs restent debout et que l’un d’eux commence une course désespérée, plonge (au ralenti, avec une musique d’Ennio Morricone résonnant dans tout le gymnase plongé dans le silence), et sauve (ou presque) une balle, ça fait toujours belle impression.

A ce propos, faudrait vraiment que je dépose un brevet sur les « hanchières », parce que franchement, j’en ai un peu marre de me cramer les hanches chaque fois que j’embrasse le sol.

Pour en revenir à l’évaluation, au final je n’ai aucune idée de ce que sera son choix (ou plutôt leurs choix, car je pense qu’il prendra l’avis des Teacher Assistant en considération). Lors de la dernière journée d’évaluation, il forme deux équipes et va nous regarder jouer en 5-1. Comme la majorité d’entre vous, je n’ai aucune idée de ce que cela veut dire, sauf qu’ici, je suis le seul. Par chance, j’ai des joueurs expérimentés dans mon équipe qui m’expliqueront tout au long du match mes placements. (Pour les intéressés, 5-1 signifie cinq attaquants et un passeur, ce qui influe sur les rotations et le placement de chaque joueur durant le jeu). J’ai donc droit à une heure d’apprentissage intensif, et oubliant l’espace d’un instant que je suis évalué, je me surprends à adorer cette situation, adorer le fait d’apprendre quelque chose de nouveau sur ma passion et d’y être plus efficace. A la fin de l’heure, je maitrise les placements de ma position pour le 5-1, ce qui, je l’espère, va peser pour mon cas. Je l’espère, car je n’ai plus de bonbons français.

Mes espoirs fondent rapidement comme glaçon dans un four, lorsqu’avant de nous libérer le prof s’adresse à nous, disant qu’il enverra un e-mail dans l’après midi aux joueurs concernés, et qu’il faudra pas mal le prendre bla bla bla mais que c’est pour le bien de la classe bla bla bla. Les autres joueurs n’ayant pas régressé en trois séances, j’ai toujours le niveau le plus faible. J’hésite à lui envoyer un mail pour lui assurer qu’une fois mon niveau retrouvé, je pourrais prendre cette bande de tapettes un par un. Enfin… disons plutôt qu’ils pourront me prendre dans leur équipe sans trop faire la gueule.

Au final je m’en abstient, je ne veux pas donner l’impression de supplier, même si un refus m’exposerait à de sérieux problèmes, vu que je n’aurais pas les crédits demandés par l’université.

Etant trop stressé pour faire quoi que ce soit, je me laisse plonger dans une sieste relaxante (il doit encore y avoir des morceaux de décalage horaire là-dedans… car « dormir » et « stress » n’ont jamais accepté de faire parti de mon dictionnaire perso. Lorsque je me réveille, je vérifie mes mails, et voit le nom de mon prof en haut de la liste…

Argh.

La mort dans l’âme, j’ouvre le mail, et découvre le verdict.

« I just wanted to touch base with you before the weekend and let you know about volleyball class evaluations.

Based on this week, expectations of play, and your willingness and attitude, we would love to keep you in the advanced class. However, we need you to make an effort to learn some of the offensive system and terminology that will go along with advanced play. This may take you staying longer or coming early on some days. »

Pour ceux n’étant pas familiers avec la langue de Bruce Willis, cela dit globalement qu’au vu de ses attentes concernant le jeu, de ma volonté et mon attitude, il adorerait me garder dans le cours de volley avancé, mais qu’il faudra juste que je fasse un effort pour apprendre ce que je ne connais pas encore, soit en venant plus tôt à certains cours, soit en achetant un livret explicatif.

Comme vous pouvez l’imaginer, le soulagement m’inonde (non, je n’ai pas pleuré), et je m’autorise quelques éclats de rire joyeux. De mémoire, je lui réponds rapidement quelque chose comme « Hi ! Yeah ! Great ! Haha ! (Soulagement) » et lui livre ma joie dans un paragraphe reconnaissant.

Maintenant je sais que je n’ai plus rien à craindre pour mes crédits, je vais pouvoir apprécier le jeu sans arrières pensées, et ne plus avoir peur de rater. Lors du cours suivant, les quatre TA auront formés quatre équipes. Je suis le dernier membre choisi dans la mienne, mais rien de surprenant à cela, il m’incombe à présent de leur prouver qu’ils n’ont pas fait de mauvais choix ! Mon objectif est que d’ici quelques séances je sois redevenu au moins un tiers de Dieu, à défaut d’un demi.

Notre équipe choisi le nom d’Awesome Sauce (en gros : Mélange Génial), et il faut croire que ce nom n’était pas anodin. Un tournois s’étalant sur plusieurs semaines est organisé, chaque séance donnant lieu à un match en situation réelle (c’est à dire qu’il faut gagner 3 jeux de 21 points sur 5 pour remporter la victoire). Nous remportons les trois premiers matchs du premier jour. Ouais, juste comme ça. Et même que j’ai marqué des points.

Bien que n’étant pas encore très à l’aise avec mes compagnons, ils sont tous très patients et m’expliquent les mécanismes du 6-2 jusqu’à ce que je me sente assez en confiance pour me débrouiller tout seul. Les filles en particulier m’offrent des sourires lorsque je rate certaines balles, et lorsqu’on a la pression d’une équipe de joueurs expérimentés sur les épaules, en particulier lorsque les deux remplaçants jouent mieux que vous, ces sourires sont la plus précieuse chose qui soit.

Voulant jouer en dehors des cours, je profite de l’opportunité qu’un joueur du cours intermédiaire cherche à monter une équipe intramurale pour m’inscrire. Ces équipes s’affronteront tout le long du semestre dans un grand tournoi, et tous les étudiants de l’université peuvent participer et monter leur équipe (100 dollars par équipe). D’un point de vu français, on se dit « ouais, ok, ça va être un tournois avec deux ou trois équipes, génial ». C’était en tout cas le mien, jusqu’à ce que je vois la liste des équipes inscrites : plus d’une centaine. Donc facilement plus de 800 étudiants. Mais au vu des 50 000 inscris à la fac, ça semble d’un coup plus normal. Certains noms d’équipes m’ont d’ailleurs bien amusé, le grand vainqueur étant « Nos balles, Vos mentons ».

L’ennui avec mon équipe, c’est que l’on est 12 inscris, ce qui signifie très peu de jeu pour chaque joueur. Je remarques également que certains inscris ont un niveau assez faible, ce qui signifie que ça va pas être simple, voir même galère. Enfin, ils n’envisagent pas de s’entrainer en-dehors des cours, ce qui pue à peu près autant que la mort. Je signe malgré tout, en me disant sans y croire que j’aurais peut-être une autre opportunité d’ici à ce que le tournoi commence, dans quelques semaines.

Et en effet, quelques semaines plus tard, comme s’il savait que j’allais faire cette transition dans mon blog, un excellent joueur (8 ans de jeu… on se sent petit à côté) avec qui j’avais juste l’habitude de dire bonjour et d’échanger quelques mots, me demande si je suis dans une équipe. « Oui. Non. Peut-être. Pourquoi ? » Parce qu’il lui manque un joueur, et que j’ai l’air de correspondre au profil. 6 joueurs donc. 7 envisagés, pour être sûr qu’on sera toujours 6 en match, donc beaucoup de jeu. Entrainement en dehors des cours ? Bien sûr ! On cherche toujours des joueurs pour jouer en semaine. Le niveau de l’équipe ? Entre 5 et 8 ans de jeu pour presque tous les joueurs. Et vous voulez de moi ? Bien sûr ! On veut s’amuser avant tout.

Mais voilà, je suis inscris dans l’autre équipe. Un terrible dilemme me ronge alors l’esprit. Pendant à peu près 0.3890 secondes. « Comment je m’inscris ? ». Charles, qui est également le capitaine, m’emmène alors dans une bibliothèque (encore une), me retire de mon ancienne équipe (byebye !) et m’inscrit dans la nouvelle. Nous sommes mardi, entrainement vendredi, premier match dimanche. Woooo !

Pendant ce temps, le tournoi du cours de volley avancé s’est terminé, après un mois de jeu. Résultat : Awesome Sauce vainqueur par 11 victoires sur 11 matches. Awesome ! Dans l’intervalle je me suis imposé comme un bras fiable de l’équipe, et ai finalement retrouvé l’exultation d’une belle attaque. Pari réussi : je suis à présent un tiers de Dieu. Ayant gagné le tournoi, nous sommes dispensé de test de compétence, auquel je participe tout de même par curiosité. Et la semaine suivante, lors de la création des nouvelles équipes, je suis choisi en deuxième. French Rules !

Vendredi l’entrainement se passe dans la joie et la bonne humeur. Mon équipe est géniale, pas de joueur à l’égo démesuré, des jolies filles… Pardon, je la refais : des super jolies filles (rien de mieux pour motiver à plonger) et une ambiance extra. Notre nom ? You Know… Et au final la majorité d’entre eux reprennent juste le volley, du coup malgré leurs longues années de jeu, le niveau reste très homogène.

Quand à notre premier match, il commence dans deux heures… Je vais donc terminer ici cet article, en espérant ne pas vous avoir endormi d’une overdose de volley. J’étais tellement excité ces derniers jours qu’il fallait absolument que j’en parle. Parce que bon, on aura beau dire mais le volley, ça déchire.

PS : On a gagné le match. You Know rules !

Re-PS : Si, si, cet article est plus court...

2 commentaires:

  1. Je viens de lire ton article en dépit de l'absence de photos (dommage...) et du fait qu'il soit consacré au volley (si ça ce n'est pas une preuve de mon attachement à tes récits!) et je dois avouer que tu m'aurais presque convertie au volley-ballismen religion qui m'est peu ou pas familière, et pour ça je te dis "chapeau bas!".
    Bien à toi,
    Aline

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  2. Bravissimo!
    j'ose à peine m'adresser à un tiers de dieu du volley-ball. Je constate que ce sport a la particularité de te mettre en encore une fois en valeur auprès de tes co-équipières....dont tu parles avec entrain.
    La question commence à se poser: puisque l'amérique semble te plaire encore plus que la Malaisie, en reviendras-tu?
    Bon courage et fais gaffe où tu mets tes mains, ça sert aussi pour faire du sport.
    J'ai bien aimé le paralléle et les quiproquos volley-fille.
    Merci pour le style, continues comme ça, tu nous intéresses.
    Bernard

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