samedi 18 septembre 2010

"ça va Jean-Pierre? " "ça va comme-ci comme-ça..."


L’une des premières choses que notre nouveau petit groupe décide de faire ensemble (à part le racketball et la chasse aux testicules) est un trip à Wal-Mart. J’emplois le mot « trip » car il ne s’agit pas juste d’aller faire ses courses comme je l’ai fais ces 4 dernières années, avec un Carrefour à 5 minutes à pied de chez moi. Non, ici, il n’y a pas de gros supermarché en centre ville, il faut s’y rendre en bus, et rouler une bonne demi heure. Des rumeurs sont remontés jusqu’à nous disant que certains étudiants avaient roulés une heure pour y aller… mais le site internet des transports locaux nous informe pourtant qu’un Wal-Mart est situé à une demi heure de route, pas la peine donc d’aller à celui deux fois plus loin.

Nous embarquons donc dans un bus nous conduisant au sud de la ville. Nous roulons sur les grandes avenues d’Austin, et croisons des bâtiments de toute sorte. A noter un hôtel avec une enseigne rouge de forme phallique… je me permet d’en parler car je suis persuadé qu’il n’est pas possible qu’ils n’aient pas remarqué en la construisant… "Dis donc Johnny, elle serait pas un peu en forme de zguegue ton enseigne là?" "Ah ouais... merde... bon bah maintenant qu'elle est payée hein...". Je sais pas si ils veulent attirer la clientèle ou autre, mais en tout cas c’était très bizarre.

Comme peut-être mentionné auparavant (j’ai la flemme de chercher, cela restera donc un « peut-être ») les arrêts de bus n’ont pas de nom, on doit se repérer aux noms des rues. Et quand on ne sait pas où on va, cela devient un jeu assez difficile, où il faut constamment rester attentif. Notre carte des bus n’indique que le nom d’une rue sur 3000, ce qui n’est pas d’une grande aide. Fort heureusement, Hugo a le sens de l’orientation et nous fait finalement descendre à proximité du Wal-Mart.

Malheureusement, son sens de l’orientation était en avance de trois stations, et il nous faut donc parcourir ce chemin au bord d’une grosse route sous un soleil de plomb. Nous y croisons d’ailleurs un cactus de Mickey entrain de danser une salsa.

Nous arrivons finalement à notre arrêt de bus, sauf que comme indiqué sur le site internet, il nous reste encore à marcher 1,61 miles vers l’Est.

« C’est combien un mile déjà ? »

« Sais pu trop… un kilomètre et demi ou quelque chose dans le genre. »

« Ah ouais… fait chaud hein ? »

« Plutôt ouais… »

Nous traversons donc la grande avenue et choisissons de prendre la route qui nous paraît la plus logique (après avoir demandé notre direction à un mexicain : )

« Hi, do you know where we could find the Wal-Mart ? »

« Aglabaletedo ? »

« The… Wal-Mart… ? »

« Ooooh ! Wamat ! Gobunidtado eniaco baki ! »

« Baki ? »

« Baki ! Baki ! »

« Oooh yes ! Thank you very much ! »

« You welcome ! »

« Qu’est-ce qu’il a dit ? »

« Eniaco baki. »

« ça veut dire quoi ? »

« Aucune idée, mais j’ai montré l’est, et il avait l’air content. »

Nous marchons donc un long moment, réalisant que l’heure de route est dorénavant écoulée… en prenant le bus pour le second Wal-Mart, nous serions déjà arrivé. Après un nouveau quart d’heure à suivre notre ombre, nous arrivons finalement en vue de l’immense bâtiment tout en longueur, et sautons de joie pour célébrer notre victoire. Du moins le ferions-nous si nous n’étions pas complètement déshydraté.

Une fois à l’intérieur du magasin, et après un refill de boisson bien mérité, nous nous réapprovisionnons pendant une heure, mélangeant cookies et rideau de douche à nos victuailles. Je découvre un maillot de sport à l’effigie du Longhorn, mais plus original que les autres. Je m’empresse de l’acheter, mais Hugo, dans son incessante volonté de devenir moi, en fera rapidement de même.

Il est à présent temps de retourner au bus, et la marche à venir nous démoralise. Nous nous y lançons péniblement, pensant au réconfort de la climatisation de nos appartements. Au final, il nous aura fallu 4 heures pour faire l’aller retour. 4 heures, juste pour quelques courses… ça va pas être possible toute l’année, il va falloir trouver un autre magasin.

Les jours suivant se ressemblent beaucoup : soit je vois la bande, soit je vois Hannah. Je me souviens d’un déjeuné en particulier, avec Hugo et David dans un restaurant Japonais, où lors de payer, David n’avait sur lui qu’un billet de 20 dollars, pour une addition de 13. Il laisse donc son billet, et le serveur disparaît. Mettant un petit peu de temps à réapparaitre, David commence à se demander s’il n’a pas pris le reste de la somme pour un pourboire, ce qui serait bien entendu énorme. Nous commençons à nous imaginer le serveur sauter de joie en cuisine. Mais celui-ci commence vraiment à se faire attendre, s’engage alors une petite conversation entre David et moi :

« C’est pas vrai il va pas revenir !

- Mais si mais si, il ne peut pas ne pas revenir.

- Il va revenir ?

- 7 dollars de pourboire c’est trop, il va revenir… mais en même temps… ptet pas.

- Il va pas revenir…

- Il va pas revenir… nan il peut pas… il peut ?

- Allez reviens enfoiré !

- Il va pas revenir… j’y crois pas, il va pas revenir…

- Il revient pas… sans blague, tu crois qu’il va revenir ?

- Ça me ferait vraiment marrer que non… mais en même temps c’est pas cool pour toi…

- Il revient ! IL REVIENT !

- Il est revenu ! YAAAAY !

Mais au fond de moi je me demande s’il n’a pas attendu si longtemps en cuisine dans l’espoir de nous voir partir sans attendre notre monnaie… nous ne le saurons malheureusement jamais.

Durant le weekend suivant, (waaah ! comment je saute des jours maintenant, truc de ouf !) les parents d’Hannah ont débarqué au volant d’une camionnette de déménagement. Une fois mon nouveau lit, bureau et étagère déposé chez moi (un vrai lit… et plus d’écriture de blog par terre… ahhhhh !) nous nous dirigeons vers l’appartement d’Hannah, à une 15aine de rues de chez moi. Je crois que l’un des instants dont je me souviendrais toujours sera celui où le père d’Hannah, voulant rentrer la camionnette dans un parking souterrain, s’exclame, songeur, en regardant le panneau indiquant « 8 pieds » :

« Je me demande combien fait la camionnette… »

CRAAAAAACK !

« Mmmh… apparemment pas 8 pieds… »

Mais l’avantage de conduire une camionnette de déménagement d’une grosse compagnie, c’est qu’il peut la laisser dans un dépôt à Austin, et dire « ouais c’était comme ça avant… » sans que personne n’y retrouve à dire. Sacré Hans !

Nous déménageons donc une partie du matériel d’Hannah, le plus gros étant stocké dans un entrepôt à Austin, qu’il faudra vider le lendemain matin. Programme de la soirée : le festival de la chauve-souris, sur Congress Bridge, pont abritant des milliers de chauve-souris. Nous savions fort bien que nous serions en retard pour le départ des chauve-souris (du moins je le savais fort bien, mais personne m’écoute jamais ! monde de merde !) mais nous nous rendons néanmoins sur place pour profiter du festival (qui consiste en une foule compacte et des stands de bouffe… second point qui n’est pas pour me déplaire.)

L’heure est donc au repas, et je remarque une roulotte fumante, où un simple hot dog coûte 5 dollars (les yeux de la tête pour les états unis). Je m’y rend donc, et hurle ma commande pour couvrir le bruit en tendant un billet de 10. La nana hurle quelque chose en réponse (je ne saurais jamais quoi, peut-être était-ce quelque chose comme « JE FAIS SEMBLANT DE TE RÉPONDRE MAIS EN FAIT JE T’INSULTE ! ») et prend mon billet de 10 pour me rendre… 2 dollars. Je lui hurle alors que NON, C’EST PAS POSSIBLE, J’AI COMMANDÉ UN HOT DOG. Elle acquiesce, s’excuse (je pense), fouille dans sa caisse et me tend deux billets… un de 5, et un de 10. J’ai un moment d’hésitation, puis empoche les billets en hurlant un remerciement. Après tout, ils n’avaient qu’à pas faire des hot dog aussi petit et aussi cher. Et cela me permis d’acheter une énorme limonade et d’en faire profiter tout le monde, donc bon, hein, BA tout ça. Voilà.

Le lendemain matin, à nouveau emménagement. S’ensuit une invitation dans un restaurant surplombant un superbe lac aux aspects méditerranéen, et offrant une excellente cuisine mexicaine.

Fajitas cela sera donc, en quantité, et offert par les parents d’Hannah. Et quand je dis en quantité, faut imaginer en quantité. Ais-je déjà fait mon paragraphe sur le fait qu’aux Etats-Unis, tout est plus gros ?

J’vous ai pas dis, mais aux Etats-Unis, tout est plus gros ! ça passe par les hamburgers, ou même la cuisine en générale (les portes des frigos sont fabriqués de sorte à pouvoir contenir des bouteilles de trois litres (un galon), les boissons, les voitures (elles sont énormes, le premier jour j’étais « la vache ! Regarde cette grosse voiture ! … et celle-la… et elle aussi… là… là… là… » tant et si bien qu’au final le jeu consisterait plus à trouver la voiture de taille européenne.) Les gens sont plus gros aussi, ou disons plutôt qu’il y a plus de personnes en surpoids, et que les filles peuvent arborer un petit bidon sans avoir honte (enfin, je dis ça, j’suis pas une fille, mais j’en vois beaucoup comme ça, donc je suppose que ça doit être normal). Mais ne me méprenez pas, la grande majorité des étudiants ont un poids tout à fait correct. Ceux ayant un petit surplus sont juste plus nombreux qu’en France.

Et puisque l’on parle de filles, autant en faire un petit paragraphe. Imaginez un campus de 50 000 étudiants, imaginez ensuite que la majorité est féminine. Rappelez-vous ce que je vous ai dis sur les températures, et ce que cela implique sur la mode vestimentaire. Rappelez-vous encore que je vous ai dis que beaucoup de monde faisait du sport, et l’une des modes à UT est apparemment le mini short sportif découvrant toutes les jambes et laissant deviner le reste. Pensez alors que nous sommes dans une période où les cours n’ont pas encore commencés, une période pleine de fêtes donc, et de filles en tenues de soirées. Vous comprendrez alors aisément que le célibataire que je suis n’en fini pas de baver devant les incessantes beautés qui croisent mon chemin à longueur de journées.

Bref, revenons sur le paragraphe concernant les choses plus grosses. Vous pouvez donc imaginer quelque chose, à peu près n’importe quoi, et être assuré qu’aux Etats-Unis il sera plus gros. Et moins cher. Et ouais.

J’en étais resté sur mes fajitas en quantités. Une autre chose que j’adore ici, c’est qu’il est rare que le client finisse son assiette, mais ce qui est encore mieux, c’est la possibilité de demander une boite et d’emmener les restes chez soi. C’est normal, tout le monde le fait. Et ici, c’est l’équivalent d’un repas entier de fajitas que j’ai pu ramener et déguster le soir même.

Mais avant cela, j’ai eu la chance d’être amené sur un coin de la rivière (le Colorado) nommé Barton Springs. On peut notamment s’y baigner (mais cette histoire sera pour plus tard) et également y faire du Kayak, ce qui est l’activité prévue pour notre après midi. Ne restent plus qu’Hannah, trois de ses amis nouvellement invités, et moi. Etant un habitué du Kayak (cf : blog de Thaïlande/Malaisie http://b2c.uniterre.com/ article « Les varans se cachent pour mourir »… un petit peu de pub ne fait pas de mal) j’espère avoir la possibilité de disposer d’un Kayak solo, mais devant les demandes insistantes de « qui veut aller dans les deux doubles ? » je comprend que je ne suis pas le seul… mais apprendrais plus tard que j’ai mal compris, que personne sauf moi ne voulait le kayak solo. Au final, tout le monde était content : j’ai pu faire mon kéké (surnommé « le Dieu du Kayak » par Hannah, quand même !) et mes 4 camarades ont pu se relayer pour pagayer dans cette eau pas vraiment cristalline, mais fraiche.

Je me rend compte que je suis passé sur un événement d’une importance particulière : l’inscription aux cours. Celle-ci est très contrôlée, pour éviter que 50 000 étudiants n’essaient de se connecter en même temps sur le site de la fac (ce qui serait moche, à n’en pas douter). Chacun se voit donc donner une heure à partir de laquelle il est autorisé à s’inscrire. Allez savoir pourquoi, il fut décidé que les noms de familles en « D » passeraient en dernier. Déjà que tous les américains ont pu réserver leurs cours depuis avril, j’avais bien besoin de ça tiens. Il en résulte forcément que tous les cours m’intéressant sont pleins, à l’exception d’un, le seul que je suis obligé de prendre pour satisfaire Paris 8 (ça et réaliser un court métrage). Il ne me reste donc plus qu’à écrire à chaque professeur et l’implorer de me prendre dans sa classe, arguant que je suis français, génial, et que je suis prêt à n’importe quoi pour rejoindre son cours, même monter sur autre chose qu’un Mac (aaarrgh). Ça c’était pour la prof de montage avancé : victoire. Je suis aussi accepté dans un cours de Trans-média, pour ce que ça veut dire… mais ça collait dans mon emplois du temps. Manque de pot, tous les autres cours qui m’intéressant chevauchent soit le cours de montage avancé, soit mon cours imposé. Et hors de question de reprendre le genre de cours déjà subit 4785970 de fois à Saint-Denis, avec de la théorie du cinéma à n’en plus finir et des sommes de travail monstrueuses.

L’ennui, c’est que je suis obligé par l’organisme d’échange d’avoir un minimum de 12 crédits par semestre (sans quoi je serais radié). Un cours normal m’en offre 3, il me manque donc 3 crédits… mais aucune envie de prendre un cours juste pour des crédits, et non pour l’intérêt : je n’ai pas traversé l’atlantique pour faire quelque chose que je n’aime pas. Et qu’est-ce que j’aime à part le montage ? … Quelqu’un ? Je vois des doigts se lever au fond ? C’est bien ça : Le sport. Et avec des locaux comme ceux-là, il serait vraiment dommage de ne pas en profiter. L’ennui, c’est que les cours de sport n’offrent qu’un crédit chacun. Boarf, 3 cours valent mieux qu’un.

Mais une fois arrivé sur la page sportive, je refroidis rapidement : tous les cours sont pleins, excepté quelques cours de natation ou de travail sur son poids… ce dont je n’ai pas forcément besoin… mais également un cours de volley avancé, réservé aux joueurs de club confirmés ayant quelques années de jeu derrière eux… J’ai pas joué en club, j’ai joué l’équivalent de 6 mois de temps à Paris 8, sans équipe, mais 12 à 14 heures par semaines, si bien que mon niveau n’est pas sensé refléter mon « âge » sportif. On verra bien : je m’inscris.

Un cours de tennis pour débutant attire mon attention : j’écris au prof pour lui expliquer ma situation et lui demander s’il y a un petit spot sur un terrain pour le français que je suis. Et après ça, je ne sais plus quoi choisir, presque rien ne correspond… excepté un cours de volleyball intermédiaire… oh, et puis ça serait trop bête de passer à côté ! Après tout c’est devenu ma passion ! J’écris donc au prof un mail où je mets tout mon cœur, ma passion et ma détermination… ainsi qu’une tentative de corruption aux bonbons français spécialement ramenés du pays. C’est ce dernier point qui a marché, le prof ne pouvant pas résister à l’idée d’ajouter des bonbons français à son régime. Le prof de tennis quand à lui me propose d’assister aux premiers cours dans le cas ou certains élèves se désisteraient… parfait ! J’ai donc théoriquement, peut-être, mes trois crédits ! Rendez-vous dans quelques jours pour déterminer si oui ou non je serais bel et bien accepté dans ces cours.

Revenons à notre journée de kayak, pour passer au lendemain.

Lendemain, lundi 23 août (je préfère le préciser, parce que même moi je commence à être perdu, cela fait donc presque deux semaines que je suis arrivé) je retourne à Barton Spring en compagnie d’Hugo, David, Hannah et deux de ses amies, mais cette fois pour se baigner.

Sur le chemin du bassin, nous marchons en compagnie d’un vieux black américain, qui engage (et surtout fait) la conversation avec Hannah et moi-même. Il nous dira notamment avec son accent ultra prononcé « Vous noyez pas les gars, parce que je sais pas nager »… ok, merci du conseil ! Mais le mec super cool nous « verrouillera » la main, dans un salut que seul Andréa et Hannah peuvent comprendre, et ça, croyez moi, c’est vraiment super cool !

(Le Père Noël en vacances à Austin avec son chien)

Barton Spring possède une piscine naturelle (bétonnée ceci dit) disposant d’eau de source continuellement renouvelée. C’est le seul endroit de la ville où l’eau est à une température de 20 degrés toute l’année. Et 20 degrés, quand il fait presque 40 dehors, c’est dur… très dur…

Nous ne sommes donc que légèrement surpris de voir que la majorité des gens préfèrent rester sur les bords et ne tremper que leurs pieds. Mais nous ne sommes pas venu ici pour lézarder au soleil, mais bien pour se rafraichir. Impossible cependant de rentrer dans l’eau après l’avoir touchée, elle est vraiment très froide. Une seule solution donc : se jeter dedans. J’y vais le premier, suivi par Hannah, et maintenant qu’une fille est dans l’eau et leur honneur en jeu, Hugo et David nous suivent.

Je ne pense pas avoir été souvent dans une eau si fraiche, à tel point que j’évite à tout prix d’y plonger ma tête, et que respirer et nager comme un chien devient une obligation.

En parlant de chien, Barton Spring est séparé en deux parties : la payante (3 dollars) avec beaucoup de fond, un tremplin et un vrai rebords, et la partie gratuite (0 dollars… enfin gratuite quoi) pas de profondeur, rebords naturels, et des chiens. Beaucoup de chiens. Des chiens qui pissent sur les sacs des baigneurs, événement auquel j’ai pu assister avec grand plaisir, sachant que le chien en question, pas vraiment futé, a choisi le sac d’un baigneur encore assis à côté… et lorsque ce dernier s’est mis à gueuler, le chien s’est éclipsé aussi vite qu’il a pu, alors qu’il n’avait pas encore terminé son office, avec l’expression de surprise et de frayeur que peuvent arborer parfois certains animaux : « Ohmerdemerdemerde ! »

L’on pourrait croire qu’au bout d’un certain temps dans l’eau, l’on s’habitue à sa température. Eh bah nan. Pas moi. C’est super froid, et je profite que personne ne comprenne ma langue pour jurer, jurer et jurer encore… ça ne réchauffe pas vraiment, mais c’est de circonstance. Le bon côté des choses est que nous pouvons alors regarder tous les gens agglutinés sur les bords, et lancer à la cantonade (en français toujours) « Alors les p’tites tapettes ! On a peur de se mouiller ?! » puis de grelotter de plus belle.

Après une demi heure, nous décidons de sortir du freezer, et la sensation du soleil à sur notre peau est très certainement l’une des plus belles choses au monde (avec les spaghettis boulettes de ma Grand-Mère). Nous nous réchauffons un instant, tandis que les amies d’Hannah, nous ayant récemment rejoint, restent dans l’eau et nous incitent à les rejoindre. Malheureusement, l’heure tourne, et Hugo et David doivent rentrer pour une réunion dans leur co-op. Cependant, Hugo ne résiste pas à l’appel de ces demoiselles aucunement en détresse, et plonge les rejoindre pour un dernier bain. David résiste, tout comme moi, malgré les appels incessants de nos camarades. Ce n’est que lorsqu’Hugo emploiera à nouveau le mot « Tapette » que mon honneur me forcera à plonger. Mais David résistera encore et toujours au pouvoir de ce mot démoniaque.

Je ne m’attarderais pas sur le retour en bus, si ce n’est en précisant que mes deux compères eurent une heure de retard à leur réunion, pour la simple raison que le bus lui-même en avait une. C’est peut-être la seule chose que j’aurai à reprocher à Austin : son système de bus, même si tout à fait correct, n’est pas toujours au point.

"Fais moi péter ce bus Simone !"

Le soir Hugo, David et moi nous retrouvons chez moi pour regarder un film. Et tandis qu’Hugo, musicien depuis 15 ans, nous fait découvrir une toute nouvelle symphonie qui ne manquera pas de nous émerveiller, je me rends compte que cette année est vraiment partie pour devenir exceptionnelle.

Le lendemain (mais cet article ne finira donc jamais !) Hugo et moi nous lançons à travers la ville en bus pour retrouver un magasin, et sommes assez fier de notre résultat. Nous sommes officiellement devenus des Buskillers. Nous enchainons par un racketball où, cette fois-ci, je terminerais le match sur mes deux jambes. S’ensuit un repas dans une petite pizzeria italienne, où le serveur nous offrira les seuls mots qu’il connaît de français « ça va ? ça va comme ci comme ça ». Pourquoi ? Facile : vous connaissez tous « where is Brian ? Brian is in the kitchen », et bien ici, ils ont la même « Bonjour Jean-Pierre, ça va ? - ça va comme-ci comme-ça. - Oh, et qu’est-ce que tu aimes ? - J’aime la glace. - Quoi d’autre ? – Rien. Juste la glace. », et voilà, nous avons le premier cours de français par excellence.

Nous visitons ensuite le grand Capitole de la ville, bureau du gouverneur du Texas (anciennement Bush), avec des gardes à l’entrée habillés en policiers/cow-boy… assez impressionnant et classe, mais c’est sûrement fait pour.

Et le soir nous attend un grand évènement : une soirée organisée par UT pour fêter la rentrée (nous en sommes la veille). J’attends ce moment avec impatience, car quelques mois auparavant, j’ai reçu un mail me proposant de participer à un concours de vidéo, avec de beaux prix à la clef (le premier se voit offrir un Ipad) ainsi qu’une projection de sa vidéo pour les 5 premiers devant plusieurs milliers de personnes lors de cette soirée.

Déjà, rien que les préparatifs sont impressionnants : milliers de chaises installées en face de la tour, deux écrans géants et enceintes de partout, bref, une organisation de folie. De savoir que ma petite vidéo pourrait être projetée sur ces deux écrans me rend aussi nerveux que la veille du bac.

La soirée commence, et les étudiants arrivent, par milliers… ne sont présent que les premières années, les étudiants en échanges sont également invités, et après qui veut peut se joindre à la fête. Nous avons droit à de longs discours, et des courts métrages de propagande pour la fac. Nous réalisons alors à quel point le patriotisme, le chauvinisme, sont présent ici. Ils sont tous tellement fiers d’être étudiants dans l’Université du Texas… et je ne peux que les comprendre. Je n’ai jamais ressenti ce genre de fierté en France, mais ici j’ai rapidement le cœur gonflé de joie quand je réalise que je vais étudier dans ces superbes locaux pendant toute une année.

Mais quand même, leur patriotisme va un peu loin… la phrase qui reviendra constamment est « Ce que vous ferez ici changera le monde ». Va falloir que je m’en rappelle pendant mon cours de Volley. On dirait presque un coach motivant son équipe la veille d’un match important.

Le concours de vidéo arrive ensuite, et des noms sont appelés. Pas le mien. Déception, je pensais vraiment que ma vidéo était au niveau. Nous voyons ensuite les courts métrages des 5 vainqueurs, et la déception n’en est que plus forte : excepté le premier, qui a fait une superbe vidéo avec des effets spéciaux collant au thème, toutes les autres sont plus faible que la mienne, ne possédant qu’un énorme message de propagande pour l’Université, ce que je n’ai pas fais. La base du concours était simple : une vidéo pas plus longue que 30 secondes, dans laquelle nous intégrons la phrase « Bonjours, je m’appelle … et viens de …, et maintenant que les yeux du Texas reposent sur moi, voici ce que je voudrais qu’ils voient : » et après champs libre. Si j’avais pensé qu’il suffirait de gueuler « Hook’em Horns ! » (Slogan de la fac) en faisant le signe associé avec les mains, j’aurai probablement trouvé un moyen de l’ajouter dans ma vidéo toute française. Bref, j’ai trouvé ça dommage, surtout que sur 5 gagnants, 4 venaient du Texas. Aucun étudiant étranger sélectionné, il n’y a que le vainqueur qui venait d’un autre Etat.

L’énorme fanfare qui suit me fait un petit peu oublier ma déception, et l’immense drapeau du Texas déployé pour marquer le final me rend vraiment incrédule. C’est tellement différent… je n’imagine pas un seul instant un drapeau français déployé sur Paris 8 pour une quelconque occasion… il en résulterait une manif à coup sûr…

(Plutôt gros le drapeau hein?)

Nous concluons cette journée (et cette semaine ! Une semaine en un article ! Qu’est-ce que vous dites de ça ?! Haha ! C’est qui la Tapette maintenant hein ?!) par un bien mérité Burger King, parce que quand même, c’est toujours trop bon.

Demain, c’est la rentrée des classes… demain, il me faudra sans doute plus de lignes pour décrire les journées à venir…

En attendant merci pour votre fidélité et vos petits messages de soutiens, ils me font toujours chaud au cœur… (Une question récurrente concerne ma jambe : cela fait aujourd’hui un mois que l’accident a eu lieu, et la blessure guérit petit à petit, je vais clairement avoir une cicatrice de Warrior, mais tout va pour le mieux).

Plus le temps passe et plus je deviens surbooké, ce qui explique le temps entre les messages. Il devient plus dur de trouver la motivation et surtout le temps d’écrire. Vos messages deviennent cette unique motivation, donc merci à vous !

Et pour ceux que ça intéresse, voici le lien de ma petite vidéo : http://www.dailymotion.com/video/xevcjr_video-contest-texas-vincent-desgrip_fun

Oh, et voici également un lien vers l’album photo, régulièrement mis à jours :

http://picasaweb.google.com/116629063037548651097/AustinTexas20102011#

Vous pouvez le retrouver en haut à droite du blog, dans le petit diaporama d’images. Un clic dessus vous enverra sur le site hébergeant les photos. Attentions aux âmes sensibles, s’y cachent quelques photos de la blessure de guerre…

1 commentaire:

  1. Truc de ouf! Je regardais tes photos juste après avoir lu ce chapitre et là une odeur délicieuse de hamburger a flotté jusqu'à mes narines...
    Rêve ou réalité?
    Il semblerait que tu aies réussi à me transporter de l'autre coté de l'océan l'espace d'un instant car impossible de remettre le nez sur cette odeur 30 sec plus tard...

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