lundi 11 octobre 2010

Volleyball, l'intime relation

L’Edito du rédacteur en chef :

Chers lecteurs,

Suite à de nombreuses plaintes, l’attention du Blog Once Upon a Time in the Southwest a récemment été attiré sur la taille de ses articles, que de nombreux lecteurs considèrent comme trop imposants. Notre Blog, tenant à garder la fidélité des quelques attardés mentaux ayant des difficultés à lire l’hebdomadaire demi douzaine de pages, prendra donc compte de ces réclamations, et changera le mode d’écriture pour adopter un style plus anecdotique. Nous espérons que cela satisfasse nos bien-aimés lecteurs.

De la même manière, nous avons reçu un nombre incroyable de requêtes demandant à ce que l’auteur souligne de manière plus précise ses formidables qualités physiques. De ce fait, dans le but de satisfaire l’admiration de nos abonnés, nous consacrerons cet article au volley-ball. En revanche, au risque de perdre quelques lecteurs, j’insiste sur le fait qu’il n’y aura pas de photo de nu postées sur la galerie photo.

En espérant que ces modifications apportées à notre Blog vous apportent joie, bonheur et amour, la rédaction vous souhaite une excellente journée.

Vincent Desgrippes,

Rédacteur en Chef,

« Notre préoccupation, c’est votre satisfaction. Et la météo aussi, parce que la pluie, c’est chiant. »

Chapitre VIII – Volley-ball

Avez-vous déjà frappé une balle le temps d’un saut ? Senti cette exultation au moment du contact avec la main, et la jubilation intense de voir la balle filer et rebondir d’un claquement sec sur le terrain adverse, accompagné des cris de joie de vos coéquipiers ? Je l’ai connu en France, et ce fut immédiatement le coup de foudre, un amour inconditionnel pour ce sport qui me permettait de m’échapper de ma bulle et de me perdre dans une plénitude physique et morale que seuls les bras d’une fille pourraient surpasser.

Oh, oui, le volley-ball a tout d’une relation.

Au début on est un peu timide, on se cherche, n’osant pas trop la toucher. On est maladroit, on essaye ce que les copains plus expérimentés nous conseillent, sans forcément réussir, mais c’est normal, on débute. Et elle reste toujours compréhensive, l’air de dire « t’inquiète pas, la prochaine fois ça sera mieux », même quand on vise mal.

Puis on prend finalement confiance, on sent le début d’une connexion, et les gestes deviennent plus naturels, plus réguliers. C’est la phase de la relation que connaît la majeure partie des joueurs ; où l’on découvre le plaisir, mais sans trop penser à l’avenir ; où l’on se concentre sur l’instant présent en donnant le meilleur de soi-même. Cette phase est généralement très gratifiante.

Et puis le manque s’installe entre chaque rendez-vous. On aimerait ne jamais s’arrêter, passer tout notre temps libre ensemble. Alors on se retrouve de plus en plus souvent, de jour comme de nuit. Cela devient une obsession, un but : la retrouver, la toucher, jouer un peu avec elle, et passer aux choses sérieuses… Avec le temps vient l’expérience et l’assurance, et de là la confiance dans les différents partenaires qui nous permettent de découvrir des sensations encore inconnues, des positions plus complexes, plus efficaces…

Arrive alors la phase de l’exaltation, l’amour fou, inconditionnel. Chaque rendez-vous est un mélange de douceur et de violence, les gestes sont à présent d’une efficacité maximum, précis et puissants, procurant un plaisir extrême.

Et vient la trahison. En général lorsque l’on ne s’y attend pas, lorsque nous ne sommes pas prêt. Et la blessure, intense, violente, nous rend plus misérable que jamais. Au début on n’y croit pas, on continue tête baissée, essayant de se convaincre que ce n’est qu’un rêve. Puis la réalité reprend le dessus, et l’on fini par accepter que c’est peut-être fini. Alors on négocie, on appelle ça « une pause », mais au fond nous savons qu’il y a peu d’espoir. On refuse d’écouter nos amis qui nous disent que dans quelques mois on retrouvera d’autres partenaires, que ça sera aussi bien. On s’en fout, quelques mois c’est trop long ! Nous en avons besoin maintenant, tout de suite.

Et puis le temps passe, et à cause de l’inactivité la passion s’estompe. Jusqu’à se retrouver à nouveau devant elle… la tenir dans ses bras, la caresser doucement… et se mettre à rêver. Enfin, le processus peut recommencer.

Et pour moi, il a recommencé aux Etats-Unis, après une blessure aux doigts qui m’aura empêché de jouer pendant trois mois. Et lorsqu’on ne joue pas pendant trois mois lorsque la totalité de notre temps de jeu n’a pas dépassé les sept mois, le niveau en prend un coup. En général dans les parties. L’extase décrite en premier paragraphe lors de l’attaque d’une balle est bien loin. A la fin de l’année dernière, je pouvais globalement choisir où je voulais que ma balle finisse sa course. Ici, j’exécute la danse de la victoire lorsque ma faible frappe atterrie plus ou moins entre les lignes adverses. Bref, j’ai du boulot avant de redevenir le demi-dieu que j’étais.

Sauf que dans ma classe de volley avancé, je n’aurais pas le temps de rattraper mon niveau avant la fin des évaluations, et si je ne suis pas assez bon, je vais rapidement entendre quelque chose comme « Je suis vraiment désolé, mais tu sais qu’ils m’ont coupé le budget… j’ai pas le choix… ».

Alors je me donne à fond sur les quelques séances disponibles. Le désavantage est qu’à côté de ces excellents joueurs, j’ai l’air d’un clown. Super sexy, soit, mais un clown tout de même. L’avantage est que j‘ai le même prof lors de mon cours de volley intermédiaire, et qu’il est plus simple de se distinguer dans cette classe. D’une manière générale, je ne fais pas trop d’erreur, mais je ne fais rien d’exceptionnel non plus, si ce n’est ma spécialité : me jeter par terre pour sauver des balles. Je n’ai pas peur de me faire mal, du coup quand 5 joueurs restent debout et que l’un d’eux commence une course désespérée, plonge (au ralenti, avec une musique d’Ennio Morricone résonnant dans tout le gymnase plongé dans le silence), et sauve (ou presque) une balle, ça fait toujours belle impression.

A ce propos, faudrait vraiment que je dépose un brevet sur les « hanchières », parce que franchement, j’en ai un peu marre de me cramer les hanches chaque fois que j’embrasse le sol.

Pour en revenir à l’évaluation, au final je n’ai aucune idée de ce que sera son choix (ou plutôt leurs choix, car je pense qu’il prendra l’avis des Teacher Assistant en considération). Lors de la dernière journée d’évaluation, il forme deux équipes et va nous regarder jouer en 5-1. Comme la majorité d’entre vous, je n’ai aucune idée de ce que cela veut dire, sauf qu’ici, je suis le seul. Par chance, j’ai des joueurs expérimentés dans mon équipe qui m’expliqueront tout au long du match mes placements. (Pour les intéressés, 5-1 signifie cinq attaquants et un passeur, ce qui influe sur les rotations et le placement de chaque joueur durant le jeu). J’ai donc droit à une heure d’apprentissage intensif, et oubliant l’espace d’un instant que je suis évalué, je me surprends à adorer cette situation, adorer le fait d’apprendre quelque chose de nouveau sur ma passion et d’y être plus efficace. A la fin de l’heure, je maitrise les placements de ma position pour le 5-1, ce qui, je l’espère, va peser pour mon cas. Je l’espère, car je n’ai plus de bonbons français.

Mes espoirs fondent rapidement comme glaçon dans un four, lorsqu’avant de nous libérer le prof s’adresse à nous, disant qu’il enverra un e-mail dans l’après midi aux joueurs concernés, et qu’il faudra pas mal le prendre bla bla bla mais que c’est pour le bien de la classe bla bla bla. Les autres joueurs n’ayant pas régressé en trois séances, j’ai toujours le niveau le plus faible. J’hésite à lui envoyer un mail pour lui assurer qu’une fois mon niveau retrouvé, je pourrais prendre cette bande de tapettes un par un. Enfin… disons plutôt qu’ils pourront me prendre dans leur équipe sans trop faire la gueule.

Au final je m’en abstient, je ne veux pas donner l’impression de supplier, même si un refus m’exposerait à de sérieux problèmes, vu que je n’aurais pas les crédits demandés par l’université.

Etant trop stressé pour faire quoi que ce soit, je me laisse plonger dans une sieste relaxante (il doit encore y avoir des morceaux de décalage horaire là-dedans… car « dormir » et « stress » n’ont jamais accepté de faire parti de mon dictionnaire perso. Lorsque je me réveille, je vérifie mes mails, et voit le nom de mon prof en haut de la liste…

Argh.

La mort dans l’âme, j’ouvre le mail, et découvre le verdict.

« I just wanted to touch base with you before the weekend and let you know about volleyball class evaluations.

Based on this week, expectations of play, and your willingness and attitude, we would love to keep you in the advanced class. However, we need you to make an effort to learn some of the offensive system and terminology that will go along with advanced play. This may take you staying longer or coming early on some days. »

Pour ceux n’étant pas familiers avec la langue de Bruce Willis, cela dit globalement qu’au vu de ses attentes concernant le jeu, de ma volonté et mon attitude, il adorerait me garder dans le cours de volley avancé, mais qu’il faudra juste que je fasse un effort pour apprendre ce que je ne connais pas encore, soit en venant plus tôt à certains cours, soit en achetant un livret explicatif.

Comme vous pouvez l’imaginer, le soulagement m’inonde (non, je n’ai pas pleuré), et je m’autorise quelques éclats de rire joyeux. De mémoire, je lui réponds rapidement quelque chose comme « Hi ! Yeah ! Great ! Haha ! (Soulagement) » et lui livre ma joie dans un paragraphe reconnaissant.

Maintenant je sais que je n’ai plus rien à craindre pour mes crédits, je vais pouvoir apprécier le jeu sans arrières pensées, et ne plus avoir peur de rater. Lors du cours suivant, les quatre TA auront formés quatre équipes. Je suis le dernier membre choisi dans la mienne, mais rien de surprenant à cela, il m’incombe à présent de leur prouver qu’ils n’ont pas fait de mauvais choix ! Mon objectif est que d’ici quelques séances je sois redevenu au moins un tiers de Dieu, à défaut d’un demi.

Notre équipe choisi le nom d’Awesome Sauce (en gros : Mélange Génial), et il faut croire que ce nom n’était pas anodin. Un tournois s’étalant sur plusieurs semaines est organisé, chaque séance donnant lieu à un match en situation réelle (c’est à dire qu’il faut gagner 3 jeux de 21 points sur 5 pour remporter la victoire). Nous remportons les trois premiers matchs du premier jour. Ouais, juste comme ça. Et même que j’ai marqué des points.

Bien que n’étant pas encore très à l’aise avec mes compagnons, ils sont tous très patients et m’expliquent les mécanismes du 6-2 jusqu’à ce que je me sente assez en confiance pour me débrouiller tout seul. Les filles en particulier m’offrent des sourires lorsque je rate certaines balles, et lorsqu’on a la pression d’une équipe de joueurs expérimentés sur les épaules, en particulier lorsque les deux remplaçants jouent mieux que vous, ces sourires sont la plus précieuse chose qui soit.

Voulant jouer en dehors des cours, je profite de l’opportunité qu’un joueur du cours intermédiaire cherche à monter une équipe intramurale pour m’inscrire. Ces équipes s’affronteront tout le long du semestre dans un grand tournoi, et tous les étudiants de l’université peuvent participer et monter leur équipe (100 dollars par équipe). D’un point de vu français, on se dit « ouais, ok, ça va être un tournois avec deux ou trois équipes, génial ». C’était en tout cas le mien, jusqu’à ce que je vois la liste des équipes inscrites : plus d’une centaine. Donc facilement plus de 800 étudiants. Mais au vu des 50 000 inscris à la fac, ça semble d’un coup plus normal. Certains noms d’équipes m’ont d’ailleurs bien amusé, le grand vainqueur étant « Nos balles, Vos mentons ».

L’ennui avec mon équipe, c’est que l’on est 12 inscris, ce qui signifie très peu de jeu pour chaque joueur. Je remarques également que certains inscris ont un niveau assez faible, ce qui signifie que ça va pas être simple, voir même galère. Enfin, ils n’envisagent pas de s’entrainer en-dehors des cours, ce qui pue à peu près autant que la mort. Je signe malgré tout, en me disant sans y croire que j’aurais peut-être une autre opportunité d’ici à ce que le tournoi commence, dans quelques semaines.

Et en effet, quelques semaines plus tard, comme s’il savait que j’allais faire cette transition dans mon blog, un excellent joueur (8 ans de jeu… on se sent petit à côté) avec qui j’avais juste l’habitude de dire bonjour et d’échanger quelques mots, me demande si je suis dans une équipe. « Oui. Non. Peut-être. Pourquoi ? » Parce qu’il lui manque un joueur, et que j’ai l’air de correspondre au profil. 6 joueurs donc. 7 envisagés, pour être sûr qu’on sera toujours 6 en match, donc beaucoup de jeu. Entrainement en dehors des cours ? Bien sûr ! On cherche toujours des joueurs pour jouer en semaine. Le niveau de l’équipe ? Entre 5 et 8 ans de jeu pour presque tous les joueurs. Et vous voulez de moi ? Bien sûr ! On veut s’amuser avant tout.

Mais voilà, je suis inscris dans l’autre équipe. Un terrible dilemme me ronge alors l’esprit. Pendant à peu près 0.3890 secondes. « Comment je m’inscris ? ». Charles, qui est également le capitaine, m’emmène alors dans une bibliothèque (encore une), me retire de mon ancienne équipe (byebye !) et m’inscrit dans la nouvelle. Nous sommes mardi, entrainement vendredi, premier match dimanche. Woooo !

Pendant ce temps, le tournoi du cours de volley avancé s’est terminé, après un mois de jeu. Résultat : Awesome Sauce vainqueur par 11 victoires sur 11 matches. Awesome ! Dans l’intervalle je me suis imposé comme un bras fiable de l’équipe, et ai finalement retrouvé l’exultation d’une belle attaque. Pari réussi : je suis à présent un tiers de Dieu. Ayant gagné le tournoi, nous sommes dispensé de test de compétence, auquel je participe tout de même par curiosité. Et la semaine suivante, lors de la création des nouvelles équipes, je suis choisi en deuxième. French Rules !

Vendredi l’entrainement se passe dans la joie et la bonne humeur. Mon équipe est géniale, pas de joueur à l’égo démesuré, des jolies filles… Pardon, je la refais : des super jolies filles (rien de mieux pour motiver à plonger) et une ambiance extra. Notre nom ? You Know… Et au final la majorité d’entre eux reprennent juste le volley, du coup malgré leurs longues années de jeu, le niveau reste très homogène.

Quand à notre premier match, il commence dans deux heures… Je vais donc terminer ici cet article, en espérant ne pas vous avoir endormi d’une overdose de volley. J’étais tellement excité ces derniers jours qu’il fallait absolument que j’en parle. Parce que bon, on aura beau dire mais le volley, ça déchire.

PS : On a gagné le match. You Know rules !

Re-PS : Si, si, cet article est plus court...

samedi 2 octobre 2010

Les Monteurs de la Table Rectangulaire

Aujourd’hui, premier jour de cours. Mon emplois du temps de la journée sera un cours de volleyball intermédiaire, un cours de tennis pour débutant, et aurait été un labo de montage, sauf que ce dernier est annulé, la prof préférant avoir un cours avant de nous envoyer en labo. J’ai connu pires premières journées…

Je me rends compte que quelques mois en arrière, penser à cette journée me donnait des frissons d’adrénaline, liés à la peur de l’inconnu. J’avais certes hâte d’être aux USA, mais pas forcément de commencer les cours. Aujourd’hui, c’est un sourire impatient qui illumine mon visage tandis que je chevauche fièrement Blue Max (mon vélo, à qui j’ai finalement donné le nom qui resplendissait sur l’écusson violet ornant son beau poitrail blanc… J’avais le choix entre Blue Max ou « Plateau – 21 Speed », mais c’était moins classe. Et on s’en fout qu’il soit blanc avec un nom disant qu’il est bleu, voyez ça comme un hommage à Barry White.)

Je pénètre sur les coups de 8h30 dans l’immense gymnase du campus, présentant ma carte à l’entrée (après tout, on a beau être dans un centre sportif, ça reste le Club Med, faut payer pour avoir le droit d’y accéder). Le cours de volley aura lieu dans le plus petit des deux gymnase (ou, disons plutôt, le moins grand). Une fois en tenue, quatre de mes dix doigts bandés (pour cause d’excès de volley-ball lors de la fin de l’année dernière, où après m’être éclaté quatre articulations avec une balle de beach volley, je me suis allègrement retourné le pouce de l’autre main le jour de ma reprise), je m’assieds au pied d’un mur près des quelques étudiants déjà présents. Le silence règne, du coup j’attends patiemment que le prof arrive, continuant de bander mes doigts.

Au bout d’un moment, un étudiant vient s’asseoir à mes côtés, et engage la conversation à propos de mes genouillères (il faut savoir que j’ai des genouillères de warrior ; ayant bousillé quatre paires de genouillères classiques en l’espace de 6 mois de jeu, j’ai investi dans une grosse paire solide qui me donne l’air d’un Robocop du volleyball (enfin, au niveau du genoux quoi). Mon nouveau compagnon s’appelle Jason, et fait des études de physiologie, comme beaucoup de monde ici. Je suis l’un des rares étudiant à venir d’un autre département d’étude, en particulier pour des crédits (même si la raison principale reste que le volley est le meilleur sport du monde (c’est mon blog, je dis c’que j’veux)).

Le prof arrive enfin. Imposant, sympathique, charismatique. Il est entouré de quatre TA, ces fameux Teaching Assistants, étudiants en doctorat chargés de l’assister dans son enseignement. Ils ont l’air sûrs d’eux ; des volleyeurs aguerris, et très à l’aise avec les étudiants. La TA en chef se permet même d’être jolie en plus du reste.

Le prof nous fait ensuite un petit speech concernant le contenu du cours : majoritairement des exercices de groupe, puis au bout d’un certain temps des matchs, et régulièrement quelques quizz de connaissances. Mais également un élément qui m’a particulièrement surpris : sont requises 4 heures de bénévolat dans une association étudiante du campus. Peu importe l’association, peu importe quand est-ce qu’on les fera, il demande que l’on s’investisse un minimum dans la vie du campus. Original, et pas pour me déplaire.

Les deux premières semaines seront consacrées à l’évaluation de notre niveau, sachant que s’ils estiment que nous ralentissons la classe, ils nous demanderons gentiment de quitter ce cours et rejoindre celui pour débutant. Je ne m’inquiète pas, je pense avoir un niveau correct pour une classe intermédiaire. Par contre je commence à flipper pour le cours de volley avancé… cela sera probablement le même type d’évaluation, et malgré les protestations indignées de mon égo, il n’est pas dit que je sois au niveau.

Et au bout de vingt minutes, après avoir signé des papiers affirmant que nous ne poursuivrons pas la fac en justice si jamais on se blesse, le prof annonce la fin du cours. Une colossale frustration monte en moi ; ça fait quatre mois que j’attends de pouvoir taper dans une balle, et au bout d’un discours de vingt minutes faudrait se casser ? J’vais t’la poursuivre en justice cette fac de merde moi !

C’est alors qu’il ajoute « Sinon les filets sont montés ; le cours est fini, donc vous pouvez jouer si vous voulez, et moi je n’ai rien dis, rien vu rien entendu. » Ah, ça y’est, je l’aime. Pour le remercier je vais lui offrir les bonbons français promis, qu’il accepte en éclatant de rire, arguant que ses enfants vont être content. Après lui avoir conseillé de pas tout leur laisser (c’est précieux les Haribos ici…), je vais rejoindre mes camarades et profiter à fond de l’heure à venir.

Mon cours suivant étant tennis, je me rends dans le second gymnase du campus. Plus petit et souterrain, je croise quelques grandes salles, certaines abritant des cours de tir à l’arc…

Ceci étant le premier jour, nous n’avons pas cours aux 40 terrains de tennis situés à 20 minutes au nord du campus, mais remplissons juste des papiers dans une grande salle. Le prof est également sympathique, la TA aussi. Notre note inclura beaucoup de tests, physiques comme écrits. Jouer en-dehors des cours rapporte également des points, ainsi qu’assister à des matchs de professionnels. Je crois que je vais adorer mes cours de sport…

En observant son CV (oui, les profs fournissent leur CV, histoire de prouver que la fac se fout pas de notre gueule… et elle se fout jamais de notre gueule) je me rends compte qu’il a entrainé l’équipe de tennis féminine de Malaisie pendant 2 ans. Ni une ni deux (mais plutôt 20 minutes après), à la fin du cours, je me présente à lui comme le français l’ayant contacté par mail, et engage une conversation passionnée sur la Malaisie, ses paysages magnifiques, sa population locale fantastique, et sa nourriture divine. Trois points sur lesquels nous étions sûrs d’être d’accords.

Etant désœuvré pour le reste de la journée, je vais repérer mes salles de cours dans les deux grands bâtiments du College of Communication, qui comprend mon cursus (RTF : Radio Film Television). Je croise à peu près 10 salles (ouvertes) contenant chacune au moins 20 macs dernière génération. Je croise quatre immenses studios de tournage (de la taille de magasins,et très hauts de plafond), je croise des ascenseurs immenses capable de faire entrer des camionnettes dans ces studios (5eme et 6eme étage). Ah, oui, j’ai oublié de préciser que dans chaque bâtiment étaient présents des ascenseurs. Ascenseurs fonctionnels hein, allant par paire. Les escalators à moitié pétés de Paris 8, remplis de chaises et de tables en vrac la moitié de l’année (lors des grèves) ne sont qu’un lointain souvenir.

Le soir, je suis invité par des américaines ayant été en échange à Paris (et que j’ai rencontré quelques fois) à un diner dans un resto italien. J’y retrouve quelques bonnes connaissances, et rencontre d’autres étudiantes que je n’ai pas eu l’occasion de connaître à Paris (remarquez comme mes rencontres américaines sur Paris ou ici comportent un « e » à la fin de leur adjectifs… pourquoi ? Eh bien, je dirais à celui qui n’a jamais essayé d’être Le français au milieu d’un cercle d’américaines de tenter sa chance, et de revenir me donner ses impressions). Ramené en voiture, je m’arrête sur le campus, et me paye une « pita », avec des légumes frais et du poulet. Sauf que la pita d’ici, c’est pas la même qu’en France. Cassante, pas super fraiche… le repas me filera un mal de gorge.

(Mickey et Minnie étaient également présents et ont pu apprécier le petit concert)

(Austin Tower by night)

Je rejoins ensuite Hugo pour un Ping Pong (pour changer), sauf qu’il n’y a aucune table de libre… bon, eh bien racketball cela sera. Sauf qu’il n’y a aucune balle de libre… bon, bah on en achètera la prochaine fois. Sa journée, ainsi que celle de David, fut plus chargée que la mienne, et si je pouvais décrire en une phrase leur sentiment sur la toute nouvelle difficulté de leurs études, je dirais simplement « Aaargghhh… ».

Le lendemain, j’ai la joie de découvrir le cours de volley avancé. Ici, chaque joueur masculin a l’assurance d’un mec qui sait qu’il joue comme un Dieu. Ils jouent tellement bien qu’ils se permettent de se foutre de la gueule des TA quand ces derniers ratent quelques balles. Quand aux filles ? Haha. Disons que si elles montaient une équipe, elles gagneraient probablement le tournoi universitaire Parisien. Sur une jambe et les yeux bandés. Que mes amies volleyeuses qui me lisent n’en prennent pas ombrage, (vous jouez super bien les filles !) mais là chacune des joueuses pourrait prétendre sans problème à une place dans un club prisé Parisien. De toute façon, comme précisé dans l’article précédent, jouer en club est à peu près obligatoire pour avoir accès à ce cours (je dis « à peu près » car je veux me laisser un peu d’espoir…).

Bref, c’est un plaisir immense que de jouer au milieu de ces étudiantes bourrées de talents (au volleyball) , et je suis sûr que quand l’égo de ces messieurs aura dégonflé, cela sera aussi un plaisir de jouer avec eux. Si j’ai la chance de rester.

Pour l’instant, il faut remplir un questionnaire concernant nos connaissances du volleyball. Première partie : « décrivez toutes les actions suivantes », s’en suivent 10 mots complètement inconnus de mon vocabulaire… Oups. J’en fais part au prof, qui rigole et me dit quelque chose, que je ne comprends pas non plus. Je fais signe que « ah ouais, j’ai compris » (j’ai pas encore le courage d’insister sur le fait que, « désolé, mais sur ce que vous venez de dire, j’ai juste compris le « Ok ? » final », surtout devant une classe de 50 américains silencieux). J’écris juste sur ma copie que je ne connais aucun de ces mots en anglais, mais les connais certainement en français, et passe à la question suivante : « décrivez le 6-2 ». Oups. Bon… « Le 6-2 est ce que je suis venu apprendre dans ce cours », voilà. Dernière question : « Ecrivez un moment amusant de vos vacances d’été. » Ah ! ça je sais faire ! ça va suffire pas vrai ? Pas vrai… ?

Je garde espoir sur le fait qu’avoir payé le prof en bonbon m’aura permis de gagner ses bonnes faveurs.

Nous quittons le gymnase à 12h20, ce qui me laisse 10 minutes pour rejoindre le bâtiment de communication, situé à l’autre bout de campus. En vélo, ça se fait… sauf qu’à 12h20, les rues d’un campus ressemblent à une manifestation Parisienne… pleine d’étudiants pas vraiment pressés. Et là, sur le chemin de mon premier cours de montage, alors que des milliers d’étudiants sont entrain de me mettre en retard, je commence à avoir mes premières envies de meurtre.

« EH TROU DU’C ! TU CROIS QUE C’EST FAIT POUR QUOI LES TROTTOIRS ?! FAIRE TREBUCHER LES GRANDS-MÈRES ?! » est ce que j’aurais volontiers déclaré à une centaine de personnes déambulant sur les routes devant moi, mais à quoi j’ai préféré le plus diplomatique « Sorryyyy ! ».

J’entre en classe à 12h29, montre au poignet. Haletant (y’a une belle côte à monter pour rejoindre le bâtiment) couvert de sueur, probablement puant (pas eu le temps de me changer), mais heureux d’être à l’heure. La prof m’accueille avec un sourire et me fait signe de m’assoire à côté d’elle (la vingtaine d’étudiants présent est assise autour d’une grande table en bois, la prof en tête… pour un peu je nous renommerais Les Monteurs de la Table Rectangulaire.)

Je me rends rapidement compte que la prof est super sympathique, et me mets très vite à l’aise, si bien que je fais parti du trio d’élève qui participera le plus. Nous abordons des sujets exotiques aux yeux des américains (Truffaut, Eisenstein…) où j’ai la possibilité de m’illustrer en tant qu’étudiant également exotique qui connaît déjà ces sujets (comme s’en seront rendu compte mes camarades cinéastes français en souriant à la lecture de ces deux noms plus que connus de nos registres.)

Mais j’ai également le plaisir de découvrir que nous ne faisons ici que les évoquer… les analyses de montage concerneront plus des films cultes adorés des étudiants, si bien qu’à chaque extrait j’ai le sourire jusqu’aux oreilles et un mot qui résonne si fort dans ma poitrine que j’ai peur qu’il ne couvre la bande son du film… ce mot ? « Enfin ! ENFIN ! ».

Mon cours fini, je retrouve Hugo au Texas Union, ce grand bâtiment dédié aux étudiants (restaus, jeux, salles de travail ou de repas). Nous découvrons ensemble le fast food le plus « cheap » de l’histoire des Etats-Unis : Le Taco Bell. Décrit par plusieurs amis américains comme un endroit où l’on peut manger à prix modique la nourriture la moins saine possible, enrobé de galettes de blé ou de maïs. Ce à quoi ils ajoutaient généralement : mais c’est tellement bon !

Nous prenons donc le menu basique : burrito, chips et boisson (avec free refill (à volonté)). 2 dollars. Soit 1.65 euros environ… Sérieusement, a-t-on déjà vu ça en France ? C’est même pratiquement moins cher que les repas les moins cher que j’ai eu la chance de manger en Malaisie ! (mais incomparable gustativement parlant, la Malaisie met une raclée au Taco Bell sur ce point là).

Plan pour l’après midi (ah oui, j’ai oublié de préciser : je n’ai plus cours après 14h le jeudi. Pas plus que je n’ai cours le vendredi ou le weekend… « Vil bâtard ! » me direz-vous, ce à quoi j’hocherais vigoureusement la tête en souriant, si ce n’est qu’ici, le travail à la maison ressemble beaucoup plus à celui du Lycée, où il y a du boulot à faire chaque semaine, et des interros à chaque cours (tout dépend des matières, par exemple ce n’est pas le cas pour le montage, où il faut en général venir à la fac pour monter 4 à 8 heures d’une semaine à l’autre) donc au final, mon vendredi, j’en profite rarement pour danser la lambada avec des Américaines en bikini.

Je disais donc, avant que vous ne m’interrompiez : plan pour l’après midi, supermarché ! Cette fois, accompagné d’Hugo, nous essayons de nous rendre dans un magasin du nom de Target, légèrement plus petit que le Wal-Mart, tout en restant suffisamment immense.

Nous vérifions donc le trajet. Nous savons que nous pouvons tomber dessus en suivant la ligne 3, et l’associons logiquement au centre commercial que nous voyons au bout de la ligne. Parfait. Nous montons donc dans le bus, et restons debout un moment par manque de place. C’est alors que l’une d’entre elle se libère à côté d’une superbe jeune fille. Hugo est devant moi, cela sera donc lui qui profitera de sa compagnie… sauf qu’Hugo choisi d’être beau joueur, et de me laisser la place en s’asseyant derrière. Je me sens du coup dans le devoir d’engager la conversation. Mais comme souvent dans ce genre de situation, je n’ai absolument aucune idée de comment m’y prendre sans avoir l’air d’un prétendant bavant devant son évidente beauté. C’est alors qu’une idée me vient.

Ni une ni deux, je sors ma carte de bus, et commence à prendre la classique expression « Olalala, mais dis donc j’y comprends rien à ces cartes moi ! D’ailleurs je vais le dire à haute voix à mon camarade de derrière pour bien montrer que je ne suis pas américain, ce qui explique pourquoi j’ai l’air de ne rien comprendre à ces cartes, moi, olalala. » Et une fois l’idée instillée dans la charmante tête de ma voisine avec la subtilité d’un marteau piqueur, je me lance le plus naturellement du monde : « Excuse me, I’m a little bit lost, could you help me ? ». Et mes amis, je peux vous le dire, le sourire qui me réponds est en soit une récompense suffisante.

Je lui demande si le Target est bien le centre commercial indiqué en bas de la carte, ce à quoi elle me réponds qu’elle pense que oui, toujours souriante. J’enchaine en lui racontant nos exploits pour accéder au Wal-Mart l’autre jour, et les 4 heures qu’il nous aura fallu. Elle s’en amuse, et s’excuse d’un air désolé : c’est son arrêt. Je m’écarte pour la laisser passer, et me lance dans un effort de volonté surhumain pour ne pas baisser les yeux tandis qu’elle remonte le bus.. pour décrocher son vélo à l’avant. Sportive en plus. Eh beh… Au moins, maintenant on est sûr qu’on ne mettra pas aussi longtemps que pour aller au Wal-Mart, haha !

Haha.

Au bout d’une vingtaine de minutes, s’ajoutant aux vingt précédentes, nous commençons à devenir un peu inquiets, surtout que nous n’arrivons toujours pas à nous repérer dans les rues. Nous vérifions donc la carte, et le dernier passager du bus, assis derrière nous, nous demande alors où nous allons. « Target », que nous lui répondons. « Target ? » enchaine-t-il, « Olala, mais c’est à une vingtaine de minutes au nord ! Vous l’avez dépassé ! » « Oh… donc ce n’est pas au bout de la ligne ? » « Oooh non ! Haha ! C’est au nord ! » « Au nord… »

J’aurais du baisser les yeux...

Notre nouvel ami nous conseillant de descendre à l’arrêt « Ben and White », nous sortons du bus et traversons la route à la recherche de l’arrêt opposé. Bien sûr, si un bus s’était pointé de suite, ça n’aurait pas été drôle…

Le bus fini par arriver, et cette fois nous demandons au chauffeur de nous prévenir lors de l’arrivé à Ben and White. Nous nous asseyons en vu de ce dernier pour ne pas qu’il nous oublie. Puis le temps passe… passe… et passe encore. Et alors que nous commençons à nous dire qu’on devrait être dans la bonne zone, le chauffeur jette un coup d’œil dans son rétro, nous aperçoit, et accompagnant sa parole d’une claque sur le front, s’exclame à notre grand désespoir « Oh shit ! Ben and White ! I’m so sorry ! ».

Bon. Relax. D’après lui ça vaut le coup de marcher plutôt que d’attendre un bus dans l’autre sens, il y en a pour une quinzaine de minutes. Nous marchons donc, jusqu’à arriver jusqu’à Ben and White. Enfin… nous le supposons, sachant que la rue n’a aucun nom. Très pratique pour des gens peu familier au quartier pour trouver l’un des plus gros centre commerciaux de la ville… encore une fois, les indications laissent à désirer.

Nous faisons ensuite notre petit shopping. J’en profite pour acheter une rackette de tennis, sachant que le soir ayant suivis le cours, des places s’étaient libérées, et j’ai donc pu officiellement m’inscrire.

Le retour s’effectue sans problème. Mais au final, il nous aura quand même fallu 3 heures. On s’améliore, mais c’est toujours un problème.

Nous faisons une partie de racketball pour fêter ça, où Hugo explosera joyeusement sa rackette en frappant la balle. Pas le mur, le sol, ou le plafond, juste la balle. Et pas si fort que ça en plus. Sauf que les employés à qui nous empruntons les rackettes n’étaient pas très disposés à le croire, malgré sa parole, et sa parole que je donnerais la mienne. Ça passe pour cette fois, mais la prochaine il aura à repayer. Pensée pour l’avenir : éviter de frapper la balle au racketball.

Sur le chemin du retour, nous nous rendons compte que les moustiques préfèrent largement me bouffer les jambes plutôt que les siennes. Nous associons cet acharnement au fait que je bois peut-être plus de sodas que lui, et que mon sang est donc naturellement plus sucré… « Eh les filles ! C’est free refill !!! »

En rentrant chez moi, je me rends compte que quelqu’un est venu réparer le problème d’évier que j’avais signalé (un caillou coincé dans le broyeur). Ce qui m’étonne surtout, c’est que le réparateur est rentré chez moi sans me prévenir, a fait son boulot et est reparti. J’ai quand même pas mal d’affaires de valeurs dans mon appart, et l’idée d’avoir quelqu’un qui entre et sort comme bon lui semble m’a mis un petit peu mal à l’aise.

Le lendemain, ma première action de la journée est d’accrocher au mur l’ardoise que je me suis acheté la veille, en ayant inscrit au préalable en gros de ma (superbe) écriture « Enjoy every moment », au cas où je l’oublierais dans la confusions d’une journée chargée.

Je rejoins ensuite Hannah à vélo, en réalisant que bien que j’ai acheté un casque, je ne le met toujours pas pour la stupide raison que je ne veux pas bousiller ma coupe de cheveux. Je suis alors pris d’un rire nerveux, convaincu que si je meurs d’un accident de vélo, ça sera à cause de mes cheveux. Mais je me rends rapidement compte du ridicule de cette situation, et porter un casque deviendra vite aussi rassurant pour moi que sentir la pression d’une ceinture de sécurité.

Je retrouve donc Hannah dans « The Honor Quarter », un morceau de campus « réservé » aux étudiants brillants, avec des bâtiments style anciens où le calme a élu domicile, si ce n’est la présence d’un vieux piano dans une des salles de lecture, où une étudiante est entrain d’interpréter un air d’une musique tout à fait de circonstance. Hannah m’emmènera ensuite dans sa bibliothèque préférée ; celle qui ressemble au château de Poudlard, dans Harry Potter. Et oui, elle pourrait effectivement figurer dans l’un des films de la célèbre série. Et ça c’est quand même la classe, dans une fac. Ce qui est nul en revanche, c’est l’absence d’une forteresse style « Minas Tirith » comme dans le Seigneur des Anneaux. Mais bon, je suppose qu’un campus ne peut pas tout avoir…

(Les escaliers de la bibliothèque)

Elle me fait également découvrir le « Coco’s Café », qui deviendra un lieu de pèlerinage pour mon petit groupe. Ce restaurant taïwanais offre une excellente nourriture à prix tout à fait corrects, mais et surtout, des smoothies glacés aux boules de tapioca. Pas évident à décrire quand on ne connaît pas… désolé, mais va falloir que vous veniez tester.

(Smoothies glacés aux boules de tapioca)

Je m’amuse de voir Hannah se demander si les deux américaines de la table d’à côté parlent français. Apparemment, elle aurait entendu un ou deux mots de ma langue maternelle. Pour la libérer de ce doute qui ne cesse de la ronger, je fais la seule chose raisonnable dans ce type de situation : Avisant ma soupe de nouilles, je m’exclame d’une voix forte « Ah ! Ils servent pas des nouilles de tapettes ici ! ». Aucune réaction. Elles ne parlent pas français.

Je fini ma soirée avec la bande, les amenant dans le bar pour découvrir la boisson, puis les suivant à leur Co-op : ils auraient apparemment un billard avec belle vue sur Austin. Et effectivement, ils ont un billard avec une belle vue sur Austin. Même qu’on peut y jouer gratuitement, en appréciant la vue sur Austin. La Co-op a ses bons côtés, il faut avouer.

(Austin by night, V2.0)

Le lendemain, je passe de nombreuses heures à vous écrire un superbe article de blog (dans le cas où vous vous demanderiez où est passé toute ma mâtinée… je ne voudrais pas que vous croyez que je l’ai perdu à dormir. Non, pas ici, il y a trop à faire).

Nous enchainons par une visite de Zilker Park, un parc entourant Barton Springs, avec différentes activités… dont le Kayak. Cette fois, pour innover un petit peu, je jouerais au Kayak/Base-ball avec une balle de tennis trouvée dans l’eau et lancée par Hugo, et une rame me servant de batte. J’ai décidé de tenter de frapper tant que je n’aurais pas réussi un Home Run, ou que je ne serais pas tombé à l’eau (il faut savoir qu’un kayak est extrêmement instable, et que l’on abandonne vite la beauté du swing pour juste frapper comme on peut, les jambes tremblantes pour garder un équilibre précaire). Et puisque vous mourrez d’envie de connaître le résultat de ce jeu de titan, sachez que j’ai réussi à frapper la balle… sans tomber. Enfin, si, une fois au début, mais sur le Kayak.

(Le kayak-ball, sport encore trop peu connu)

Nous sommes ensuite conviés à un repas gratuit (FREE FOOOD !) organisé par une association désireuse d’aider les étudiants à découvrir les bons côtés des Etats Unis. Encore une fois, France, bordel, quand est-ce qu’on découvrira ça chez toi ?!

(Cette paire de chaussure nous regardait de haut tandis que nous savourions le repas gratuit. D'après Céline, cela signifierait "Nous vendons de la drogue ici... et balançons des paires de pompes sur des fils électriques.)

La seule chose à noter concernant le dimanche suivant est notre expérience d’un racketball à 4 (deux contre deux), et la découverte du bâtiment de musique par une visite guidée d’Hannah. Hugo étant un grand amateur de piano, il a pu en redécouvrir les joies dans l’une des vingtaines de salles privées, toutes contenant un piano en libre accès aux étudiants de la fac. Oui, je pense qu’il n’est pas inutile de le répéter : l’Université du Texas, c’est foufoufou…

Lundi matin, j’ai chevauché mon vélo 15 minutes pour aller en cours de volley, 15 minutes pour rentrer chez moi et manger, 15 minutes pour aller à mon premier cours de tennis plus au nord, et 25 minutes pour rentrer sur le campus à grande vitesse pour ne pas être en retard à mon premier cours de Trans Média. Je suis arrivé à temps, mais je n’avais pas prévu qu’avec cette chaleur (pour l’instant je pars du principe que vous associez 40 degrés de moyenne à chaque article), qu’avec cette chaleur donc, la marque de ma selle soit incrustée à grand renfort de transpiration sur mon postérieur, me donnant l’impression de… de… enfin, vous savez. Superbe opportunité pour mon illustre personne de faire une entrée remarquable en cours.

Le cours a lieu dans un ancien studio de tournage, immense, composé d’une 40ène de Macs, ainsi que d’une grande table en bois au milieu (encore plus grande que celle des Monteurs de la Table Rectangulaire). A première vue, je ne sais pas quoi penser du prof : grisonnant, pas mal d’embonpoint, habillé d’un costume… je ne sais pas s’il a l’air sévère ou sympathique. Mais déjà un point positif : un clip de musique plutôt cool est projeté au mur pour nous accueillir en classe. Je ne le sais pas encore, mais cela va être un événement répété à chaque cours, ainsi qu’à chaque pause. Nous sommes invités à proposer nos clips ou vidéos préférées si l’envie nous prends.

Il suffira qu’il ouvre la bouche pour répondre à ma précédente question : sévère ou sympathique. Ce prof a compris la clef d’un des meilleurs moyen d’enseigner : le rire. Avez-vous déjà eu un prof qui, pour souligner ses exemples, se met à jouer le rôle des personnes qu’il cite, à tel point que l’on se croirait au théâtre ? Moi, jamais. Et je dois avouer que pour toute la durée de ces trois heures, je ne déride pas. De plus, il adore la France, ce qui fait de moi l’un de ses interlocuteurs préféré.

Et Trans Media, qu’est-ce que ça veut dire ? C’est notre vie, à nous, étudiants : Internet, Télévision, musique, jeux vidéos, Facebook, Youtube, Téléphone portables… tous ces médias qui de plus en plus s’entrecroisent pour en créer de nouveaux. Plutôt cool non ? Le projet du semestre ? Inventer une franchise Trans Media, et la présenter devant la classe comme si cette dernière était composée d’investisseurs. Je sais pas vous, mais moi j’adore. Je mets de côté le fait qu’il nous surcharge de travail chaque semaine, parce que d’une manière générale, ça reste vraiment intéressant. Son principe est simple : le mec qui a inventé Facebook l’a fait à 22 ans. C’était un mec comme nous. Du coup, son objectif est de nous faire réfléchir à des questions que nous ne nous poserions pas forcément de nous même, et, peut-être, de faire de l’un d’entre nous le créateur du prochain Facebook.

J’ai oublié de préciser qu’il a eu une carrière de fou et qu’il fait ce job bénévolement, par amour de l’enseignement. Et que quelqu’un qui à l’amour de l’enseignement, cela se ressent à chaque instant. Elle est loin, loin, ma fac de Paris 8, avec ses professeurs qui nous « apprennent » ce qu’est un hors champ en première année de Master.

En revanche, mon estomac commence à se rebeller contre la mal bouffe que je lui impose, et me fera subir toutes les misères du monde pendant toute la durée du cours. Je ne sais pas si vous avez déjà subit cette très désagréable sensation, ou vous en venez à vous dire « pourvu qu’il ne me fasse pas trop rire… ». Lors d’un premier cours, devant une vingtaine d’américains, ça fait vraiment flipper. Fort heureusement, le cours se termine sans incident.

Le lendemain commence l’évaluation du cours de volley avancé. Je m’en sors pas trop mal, mais je suis clairement derrière tous les gars de la classe. Je décide donc de passer au plan B, et de séduire toutes les filles d’un coup. Lorsqu’il m’échoie d’engager un jeu, je me met alors à prononcer « service » à la française (c’est le même mot en anglais, la prononciation change juste avec l’accent). Je remarque immédiatement que ça fonctionne, j’entends de petits rires discrets et croise quelques sourires. Chez les filles seulement, bien sûr. Je m’occuperais des gars plus tard. J’arbore également avec fierté mon maillot de volley de Paris 8 (pour une fois que je suis fier de Paris 8) qui m’aide à faire comprendre à ceux ayant du mal avec les accents que oui, je suis bel et bien un vrai Français de Paris ! T’as vu comme c’est fou !

Le cours de montage qui suit se passe avec autant de plaisir que le précédent. La prof m’offre même la possibilité d’éviter d’avoir à lire devant la classe deux pages de scénario, comme le font une partie de mes camarades (qui ont définitivement le sens de la lecture : ils jouent autant qu’ils lient). Bref, je lui suis reconnaissant de m’éviter ce moment embarrassant.

Je retrouve ensuite Hugo à l’union pour ce qui sera désormais une agréable habitude : manger de la bouffe crade ensemble en se racontant les journées passées. Cette fois nous prenons un repas au Wendy’s (fast food style macdo) et décidons de manger dehors pour changer. Sauf que nous comprenons vite pourquoi peu de monde ne tente sa chance ici… Une sorte d’oiseau que je ne connais pas est très répandu à Austin, ils ressemblent à de petits corbeaux, ont un cris très désagréable, et sont vraisemblablement de gros voleurs. Au point d’atterrir sur la table devant nous pour voler une frite dans son sachet et s’envoler après. Nous nous retrouvons vite encerclé par ces prédateurs nous dévisageant, nous et notre nourriture, d’un œil torve, tandis que nous cachons au mieux notre repas. Les tentatives d’Hugo pour les effrayer restent infructueuses… ils ont été habitué à la présence d’étudiants protégeant leur repas depuis des décennies, et ne cèderont pas un centimètre devant nos bruyantes gesticulations. Mais la fin du repas sera notre, et la bande de chasseurs s’en ira vite tourmenter un autre étudiant inconscient.

A 18h commence mon cours de « Broadcast and Cable Management », l’équivalent du cours que Paris 8 m’impose de prendre. Il a l’air intéressant du fait que nous sommes sensé rencontrer chaque semaine des professionnels du monde de la Télévision (directeur de chaine, et autres postes importants). Ce cours est différent des autres du fait qu’il a lieu dans un amphithéâtre, et la salle pleine à craquer doit bien contenir 150 étudiants. J’ai la mauvaise idée de me placer vers le milieu, ce qui va grandement compliquer la compréhension du cours ; je n’avais pas pensé à l’écho (écho + anglais = chinois.)

Le prof arrive, et lance un « Good evening ! » retentissant. La majeure partie de la classe répond, mais le prof souriant ajoute « Non, mieux que ça : « GOOD EVENING ! », et cette fois toute la classe reprend en cœur, en y mettant le ton. Le prof est satisfait. Et dès qu’il ouvre la bouche pour commencer son cours, je commence à flipper : Il a l’accent Texan. Un très fort accent. Et ça ajouté à l’écho, je ne comprends pratiquement rien de ce qu’il nous dit. Dans les autres cours, l’anglais n’a pas été un problème, mais ici il va certainement l’être. Surtout que le principe du cours est une interro chaque semaine sur le cours de la semaine précédente… Va falloir que je m’habitue rapidement à ce style de langage si je veux valider ce cours... puisque je DOIS valider cet unique cours pour Paris 8. Génial. J’avais bien besoin de ça.

Une autre partie de la note sera basée sur des interviews que nous sommes sensé donner à des personnalités importantes du milieu de la TV. Il nous échoue de contacter la personne la plus importante possible, peu importe sa location dans les USA, et lui demander 5 minutes de son temps (soit par téléphone, soit de visu si c’est possible), et lui demander en gros ce qui lui plait dans ce boulot. Le but de l’exercice est nous faire des contacts, ce qui est une sacrée bonne idée.

Je n’ai absolument aucune idée de qui je vais bien pouvoir contacter, mais pour l’instant, la priorité reste de comprendre ce que ce monsieur en costume essaye de nous communiquer dans son cours. Je vais le voir à la fin de la classe pour lui expliquer mon problème, ce qui l’amuse. Il me rassure en me disant de lui écrire un mail pour qu’il puisse faire un dossier à mon nom, et se rappelle à l’avenir que je ne suis pas un abruti, juste un français.

Je passe la soirée en compagnie d’Hannah et de quelques autres connaissances, pour l’anniversaire de Jenn, une copine rencontrée à Paris. C’est alors que je me rends compte que je connais 10 personnes autour de cette table, sachant qu’à part moi ne sont présents que deux autres français. Je suis assez impressionné ; rencontrer des américains à Paris aura vraiment porté ses fruits.

En revanche, pour la première fois depuis que je suis ici, le plat (mexicain) est beaucoup trop épicé, dans le genre immangeable. Les américaines se moquent de moi et de ma faible résistance au piment, et je les invite à goûter ce qui était sensé être la sauce la moins épicée du menu. Elles tournent rapidement rouge en s’écriant « Oh mon Dieu ! Mais pourquoi tu continues de manger ?! ça fait super mal ! ». Il faut croire qu’il y a eu une petite erreur dans la préparation du plat.

J’achève ici ma première semaine de cours, plus que satisfait de mon emplois du temps. J’ai un total de 21 heures de cours, ce qui est beaucoup pour un semestre (la moyenne est 12 heures de cours, sachant que, comme je vous l’avais précisé, il y a beaucoup de travail perso). Enfin, je verrais bien, ça m’a l’air tout à fait réalisable. Je vais profiter à fond de ce premier semestre, faire des connaissances, sachant que j’en aurais bien besoin pour entamer mon second semestre. Car, oui, une fois Noël passé, mon but principal changera. Au printemps, je fini l’insouciance : je devrais réaliser un court métrage.

Gasp…